Sous l’impulsion du CHASHa, la fabrique d’église de Baudour a profité d’une remise en peinture de l’église pour mettre sur pied un chantier de conservation préventive du chemin de croix.
Un chemin de croix de la seconde moitié du XIXe siècle, peint sur toile par le peintre tournaisien Auguste Gaudry Vanlul (1781-1863), orne l’église Saint-Géry de Baudour. Cette église, dont le chœur date de la première moitié du XVIe siècle, a pu bénéficier d’une restauration complète. La dernière phase de chantier porte sur la remise en peinture de l’entièreté de l’intérieur de l’église. La fabrique d’église de Baudour, sous l’impulsion du CHASHa, s’est dès lors mobilisée : elle a profité de cette occasion pour mettre sur pied un chantier de conservation préventive de cet ensemble.
Les quatorze stations de cet imposant chemin de croix présentaient un état de conservation considéré comme « moyen ». Grâce au chantier de remise en peinture des murs intérieurs de l’église, toutes les stations avaient été décrochées et rangées de manière provisoire dans la nef par l’entreprise chargée de la remise en peinture. Les déplacements réguliers de toutes les stations au fur et à mesure de l’avancée du chantier multiplient les risques d’accidents tels que des perforations, des enfoncements et des déchirures de la toile. Il est dès lors préférable, si la situation le permet, d’entreposer les tableaux décrochés dans un endroit sûr, propre et sec, à l’abri de la poussière, où ils pourront être stockés jusqu’à leur raccrochage.
Signalons aussi qu’une sauvegarde du cycle de peintures murales du chœur avait eu lieu la semaine précédente, afin de protéger les peintures du travail de plafonnage et de remise en peinture à proximité.
Poussière, mon cher souci…
Après vérification de l’état de conservation de la couche picturale, un gros travail de dépoussiérage du revers pour l’ensemble du chemin de croix a permis d’enlever les diverses couches de poussière et de toiles d’araignée accumulées au cours du temps, mais également parfois des morceaux consolidant pour la maçonnerie. En effet, deux stations avaient été touchées par l’injection d’un consolidant dans les murs extérieurs en pierre, qui a débordé et s’est répandu au revers, sur la toile, le châssis et le cadre. Fort heureusement, ce produit n’a pas laissé de résidus sur la face peinte de ces deux toiles.
L’enlèvement de la poussière est une étape primordiale dans tout processus de conservation préventive ou de plan de bonne gestion du patrimoine. En effet, ces couches de poussière accumulées favorisent les dégradations de la toile, notamment par les agents biologiques.
L’opportunité de pouvoir dépoussiérer l’ensemble du chemin de croix à l’occasion de son décrochage était à saisir ! Mais pour cette étape, pas question d’aspirer les toiles avec l’aspirateur à tapis… un travail minutieux à l’aide d’un pinceau en poil de porc et de l’embout de l’aspirateur est à prévoir. De longues heures de travail mais agréablement réalisées par une fabrique motivée !
Encore du pain sur la planche
Quel bilan pour ces toiles ? Plutôt positif ! Le système d’accroche et l’état des toiles, des châssis et des cadres sont effectivement correct. Cependant, le dépoussiérage était absolument nécessaire et permettra de raccrocher l’ensemble du chemin de croix dans un état plus approprié qui en rallongera la durée de vie. Certaines stations mériteraient un traitement plus en profondeur. Ainsi les bords de tension pour celles où la toile a été agrafée par la face directement sur le châssis. D’autres auraient besoin d’une consolidation partielle des endroits fortement attaqués par les insectes, bien que cela ne mette pas actuellement la bonne tension de l’ensemble en péril.
Et le coût pour la fabrique ? La fabrique s’étant mobilisée en force toute la journée pour porter main forte au CHASHa, seule une journée de travail sur le terrain sera facturée. Voilà une belle initiative : effectuer un chantier de conservation préventive et apprendre à mieux comprendre la dégradation de la matière pour préserver le patrimoine dont on a la garde.
Déborah Lo Mauro, Conservatrice du Centre d’Histoire et d’Art Sacré en Hainaut (CHASHa asbl)
L’intégralité de l’article et les photos sur le site du Diocèse de Tournai