Le climat ne prenant pas de vacances, des jeunes de la province de Luxembourg profitent des congés de Pâques pour mieux s’informer sur les enjeux pour lesquels ils marchent depuis plusieurs semaines.
Cette initiative inédite est née sur le vif, pour faire écho aux marches pour le climat. Répondant à une sollicitation récente de Lucie Reyter, une des organisatrices des marches à Arlon, le CNCD-11.11.11 a accepté de relever le défi d’organiser un stage intensif de rencontres et de réflexions.
Car le jeu en vaut la chandelle: il ne suffit pas de marcher, il faut aussi comprendre les enjeux climatiques, chercher et mettre en oeuvre des solutions, partager les initiatives, mieux connaître les différents mouvements et objectifs…
Les petites gouttes d’eau
On le sait, mobiliser en dernière minute n’est pas évident. Neuf jeunes – huit filles et un garçon – ont tout de même répondu à l’appel. Ils ont entre 15 et 17 ans, sont déjà conscientisés et engagés mais souhaitent mieux comprendre. En effet, ils se sont plongés dans le mouvement mais ne savent pas toujours expliquer aux autres. Le temps des vacances était donc bienvenu pour se poser un moment et rencontrer des experts venus partager leurs connaissances.
Ainsi le météorologue Denis Collard leur a expliqué la différence entre météo et climat et, aussi, les origines du changement climatique. Par ailleurs, ils ont rencontré des maraîchers et des producteurs qui travaillent en circuit court, découvert comment une administration communale tente de répondre aux enjeux du développement durable, approfondi la notion de justice climatique…
Pour mettre à profit la venue des « experts et expertes », le débat s’est ouvert au public, le temps de la soirée de mercredi. 35 habitants de Florenville et environs sont ainsi venus enrichir les réflexions.
Invitée en tant que jeune active pour Youth for Climate, Louise Vanden Abeele a fait le trajet de Bruxelles jusqu’à Florenville pour rencontrer ses contemporains. « Cette expérience est super enrichissante car je me retrouve face à d’autres jeunes, plus ou moins de mon âge, qui eux aussi sont porteurs d’un message fort. »
« On entend trop souvent que les jeunes marchent pour brosser les cours – dit-elle –, ce qui est loin d’être vrai. » La plupart d’entre eux marche pour prendre sa part de responsabilité. Hier soir, elle rappelait que les adultes doivent aussi s’engager. Bien sûr, ceux qui participent à ce genre d’action et de débats sont souvent déjà acteurs de changement; il reste les autres… Elle-même est investie depuis le mois de septembre, sensibilisée via Facebook. Elle y consacre plusieurs heures par semaine tout en veillant à mettre ses limites. Elle ne reçoit pas nécessairement du soutien de son école mais elle n’en attend rien de particulier. Seulement de pouvoir passer ses examens malgré ses nombreuses absences « pour urgence climatique ». En cela elle est rassurée par la décision de la ministre de l’enseignement qui garantit que les élèves participant aux marches ne seront pas pénalisés.
Patrick Besure, l’actuel chargé de campagne pour le Luxembourg belge au CNCD-11.11.11, est enchanté de cette expérience. Même si les participants ne sont pas très nombreux, il y aura des suites. Les écoles se sont montrées intéressées par le projet et ont déjà relayé l’information. Des initiatives semblables – locales, intergénérationnelles – devraient se mettre en place. Et, parmi les objectifs que les adultes se sont fixé figure l’interpellation des candidats aux prochaines élections. Mais les jeunes – même s’ils n’ont pas encore l’âge de voter – manifestent aussi leur intérêt pour le sujet.
Toutes ces rencontres avec des acteurs locaux et tous ces partages permettent de semer des petites graines. Comme les jeunes prennent leur avenir – et celui de notre planète – en main, un tel « stage » donne beaucoup d’espoirs relève Patrick Besure. Un des participants envisage de faire venir des intervenants rencontrés dans son école. Louise van den Abeele est prête à venir encore témoigner et partager ses connaissances et expériences. Pour elle, l’échange et le débat sont essentiels. « Il faut, dit-elle, profiter de chaque occasion pour prendre la parole » et, ainsi, faire avancer la réflexion.
Demain, chacun rentrera chez lui, non sans avoir fait le bilan d’une semaine riche de rencontres et de réflexions. Affaire à suivre!
Nancy Goethals