En ce début de Semaine sainte, la cathédrale Notre-Dame de Paris a vécu sa Passion. Ce lundi soir, alors que l’incendie faisait encore rage, le glas a sonné pendant sept minutes à la cathédrale Saints Michel et Gudule, à Bruxelles. C’est un signe de communion face à la tragédie qui a frappé le cœur de Paris et celui des Parisiens, chrétiens ou non. Mais en réalité, le monde entier se sent concerné.
Dans une interview à la RTBF, Eric de Beukelaer, vicaire épiscopal à Liège, estime qu’« il suffisait de voir comme la population était réunie. Une cathédrale aussi éminente, aussi symbolique que Notre-Dame, c’est une part de l’âme de Paris et de la France qui est atteinte ici ». C’est pourquoi sonner le glas hier soir se justifiait: les évêques belges voulaient être en « communion ». La RTBF a retransmis l’événement en direct ce qui a permis à tout un chacun de s’y associer.
Témoignages de solidarité
Bien sûr, les témoignages et les marques de soutien affluent. Monseigneur Aupetit, l’archevêque de Paris, en a reçu du monde entier, toutes confessions confondues. D’ailleurs, le premier message reçu fut celui du Grand Rabbin de Paris qui disait, entre autres, « ce lieu est notre lieu ».
De Belgique, le cardinal De Kesel a aussi écrit (voir son communiqué). Par ailleurs, ce soir à 19h, à la cathédrale Saints Michel et Gudule, une statue de Notre-Dame sera portée en procession avec l’entrée de tous les prêtres et diacres (plus de cent) pour la messe chrismale (célébration au cours de laquelle se fait la bénédiction des huiles pour les sacrements célébrés toute l’année; ces huiles seront remises à chaque prêtre). Au début de la cérémonie, le cardinal De Kesel ou monseigneur Kockerols prendra la parole pour exprimer la communion.
Entre autres réactions venant de Belgique, l’évêque de Liège a également exprimé sa compassion à l’archevêque de Paris. Avec tous les chrétiens de Belgique et ceux du monde entier, il s’associe au « martyr que vit la cathédrale de Paris et l’Eglise de France ».
Les appels aux dons pour restaurer la cathédrale sont déjà lancés.
Pour que Notre-Dame puisse renaître de ses cendres, nous lançons un appel international. Tous les dons reçus seront intégralement versés au chantier de restauration. https://t.co/QAB3kEZRlq pic.twitter.com/XRIObHFLbW
— Fondation du patrimoine (@fond_patrimoine) 15 avril 2019
Au niveau des célébrations et événements prévus dans la cathédrale, il y aura aussi besoin d’un soutien, au niveau national mais peut-être aussi international. En attendant de pouvoir aider, « il est important de s’associer à la peine des Parisiens », relève le Père Tommy Scholtes, porte-parole des évêques de Belgique. « Bien sûr, un mouvement de solidarité sera mis en place mais il est trop tôt pour savoir lequel. L’Eglise de Belgique s’y associera certainement. »
Communion de prières
Hier – au pied de la cathédrale en feu – et aujourd’hui – devant Notre-Dame défigurée – des hommes et des femmes s’unissent pour prier. Par le biais des réseaux sociaux et des ondes, la communion se fait universelle. Ce symbole de foi que représente la cathédrale, comme le dit Monseigneur Aupetit, devient ainsi symbole de solidarité internationale et interconfessionnelle.
Une Semaine sainte différente
Alors que la cathédrale Notre-Dame de Paris devait accueillir plus de 800 prêtres, ce mercredi pour la messe chrismale; il faudra bien trouver d’autres pistes pour vivre cette Semaine sainte. « Celle-ci sera forcément différente partout dans le monde, relève Tommy Scholtes, car le peuple chrétien est marqué par cet événement impressionnant et affligeant. »
Sur ce point, et avec beaucoup de sérénité et de confiance, Monseigneur Aupetit insiste fortement: « Les chrétiens vont vivre une Semaine sainte extraordinaire et je [leur] demande de la vivre de façon extraordinaire. » Même si les dégâts sont inestimables, il rappelle en effet que la cathédrale Notre-Dame de Paris – comme tous les autres lieux saints de par le monde – n’est en fait qu’un écrin, pas seulement pour des trésors matériels mais surtout pour LE trésor:
#NotreDame
« Il faut se rappeler pourquoi elle a été construite. Cet écrin c’est pour quel bijou? C’est pas pour la couronne d’épines, c’est pour un morceau de pain. Ce morceau de pain, nous croyons qu’il est le corps du Christ »
➡ Mgr Aupetit archevêque de Paris#BourdinDirect pic.twitter.com/hZiMLqVDla— RMC (@RMCinfo) 16 avril 2019
L’espérance plus forte que la mort
Dans cette interview, Monseigneur Aupetit reprend les paroles du curé de la cathédrale: « Tu n’as plus de cathédrale mais tu as un peuple qui marche. » La symbolique ne pourrait être plus forte au moment où les chrétiens vont revivre la passion du Christ. Comme le relève l’abbé Grosjean, prêtre du Diocèse de Versailles:
A l’intérieur de Notre-Dame de Paris, au cœur des décombres et des gravats, la Croix est là. Debout. Elle semble intacte. Douloureuse et lumineuse à la fois. Victorieuse du mal. Pas loin, Marie est là, sa statue en témoigne toujours
Cette photo vaut toutes les homélies. #NotreDame pic.twitter.com/WkhGfpDD94— Abbé Grosjean ن (@abbegrosjean) 16 avril 2019
Et en écho à tous ces propos, en ce début de Semaine sainte, les évêques de France invitent « les catholiques à être toujours davantage les pierres vivantes de l’Eglise en vivant du mystère de la mort et de la résurrection du Christ, source de notre espérance ».
Nancy Goethals avec différents médias
Retrouvez le communiqué du cardinal De Kesel à Monseigneur Aupetit
A lire aussi le reportage de nos confrères de la RTBF: Les 10 questions que vous vous posez sur l’incendie de Notre-Dame de Paris