En février dernier, en prévision des prochaines élections du 26 mai, la Ligue des Familles lançait l’idée de créer un « congé de conciliation ». Ou la possibilité offerte pour un parent de prendre un congé pour répondre aux imprévus du quotidien, comme s’occuper d’un enfant malade. Les partis ont donné leur avis.
Les partis sollicités sont le cdH, Défi, Ecolo, MR, PS et PTB. La Ligue des Familles se veut positive puisqu' »aucune formation politique n’émet d’opposition franche« . Il semblerait même que « 4 partis sur 6 s’engagent clairement à soumettre cette question aux partenaires sociaux, voire à la soutenir dans le cadre d’un futur accord de gouvernement « . Mais sur la mesure en elle-même, les partis restent prudents. La Ligue des Familles retient néanmoins que » toutes les formations soutiennent au moins le principe d’un nouveau mécanisme visant à améliorer la conciliation entre travail et vie de famille « . Voyons cela en détails.
cdH: une étude à réaliser
En principe, le cdH défend les congés familiaux et, de manière plus générale, les formules visant à mieux concilier vie professionnelle et vie privée. La formule est intéressante particulièrement en cas de maladie d’un enfant. Mais le congé de conciliation doit être étudié au regard des conventions collectives existantes et être réfléchi au regard des pratiques en « entreprises ». Il semble en effet que de plus en plus d’employeurs, conscients des avantages de la flexibilité des horaires pour raisons familiales pour le bien‐être des employés, autorisent, dans certaines situations, leurs employés à adapter leur horaire de travail (ou les arrangements entre employés).
Selon différentes études, les employés bénéficient déjà globalement d’une certaine flexibilité pour raisons familiales et peuvent notamment modifier les heures de début et/ou de fin de journée, sans devoir utiliser leurs jours de congés payés.
Le cdH craint donc que le fait d’imposer à tous les employeurs une formule unique de flexibilité des horaires et un congé de conciliation rémunérés sans aucune condition, ne soit plutôt contre-productive. Et le parti suggère donc de réaliser une nouvelle étude sur la possibilité pour les salariés de modifier leurs horaires (notamment) pour raisons familiales ou personnelles. C’est donc un oui de principe, pour le parti orange.
DéFI : un kit d’information
La Ligue des familles propose que tout travailleur ait droit à un quota de huit heures par an de congés de conciliation. Ce qui lui offre la possibilité de s’absenter pendant quelques heures, avec la possibilité de prévenir avec un délai de préavis assez bref, sans perte de salaire. Les travailleurs‐parents auraient huit heures supplémentaires par enfant. Pour DéFI, les partenaires sociaux devraient trouver un accord à partir de cette base de négociation.
Le parti amarante soutien donc la proposition de la Ligue des familles et suggère même de prévoir un kit d’information pour permettre à l’employeur d’informer chaque travailleur des dispositifs auxquels il a droit pour mieux concilier sa vie privée et sa vie professionnelle (congés parentaux, extralégaux, télétravail, horaires flottants, …). Sur cette base, un plan de conciliation annuel personnalisé en fonction de la situation de chaque travailleur devra être établi.
Ecolo: une idée à creuser
Le parti vert trouve l’idée de créer un « congé de conciliation » intéressante et estime qu’elle est en fait la traduction de pratiques qui existent dans nombre d’entreprises, pour autant que l’organisation du travail le permette. Ecolo regarde également d’un œil positif le fait que cette disposition soit automatiquement possible et sans justification, mais sans contrainte administrative démesurée. Elle devra néanmoins faire l’objet d’une discussion et d’un avis préalable quant à ses modalités au sein du Conseil National du Travail, organe chargé d’étudier les problèmes généraux d’ordre social intéressant les employeurs et les travailleurs. Pour les écologistes, il serait d’ailleurs particulièrement positif que la Ligue des Familles puisse être entendue pour apporter son expertise.
MR: une réalité à long terme
Le MR estime que cette problématique du « congé de conciliation » s’étend bien au-delà de la période de la petite enfance et concerne aussi par exemple l’accompagnement de personnes âgées. Avec un rythme de vie parfois effréné, le besoin de souffler est particulièrement fort chez les familles monoparentales. Pour les bleus, les besoins de conciliation sont une réalité et continueront d’augmenter.
Le MR défend l’idée que les politiques de conciliation doivent ainsi se fonder sur l’intégralité du cycle de vie. Elles doivent également concerner autant les hommes que les femmes. Le MR souligne la nécessité de développer les nouveaux modes de travail tels que le télétravail ou la mise en place d’horaires flottants. Le MR souligne néanmoins l’importance de la concertation avec l’ensemble des parties prenantes et estime que si le travailleur peut prévenir tardivement son employeur, ceci mérite, à tout le moins, une justification à son employeur.
PS: une priorité
Le PS se dit fermement attaché à défendre un meilleur équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle. Le parti socialiste dit également partager l’analyse de la Ligue des Familles sur les besoins des familles de disposer d’un temps pour s’organiser lorsqu’elles doivent trouver dans l’urgence une solution, par exemple, pour confier leur enfant malade à un tiers. Une priorité que les rouges ont inscrite au cœur de leur programme pour les élections du 26 mai prochain. Dès lors, le PS est prêt à soutenir la création d’un congé de conciliation dans le cadre d’un futur accord de gouvernement.
PTB: inverser la tendance
Pour le PTB, la flexibilisation à outrance sur le marché du travail (contrats précaires, heures supplémentaires, ubérisation, …), si elle augmente la production de richesses, exerce le même effet, mais de manière négative, sur la santé des travailleurs : nombre croissant de malades, burns out, … Aussi, les femmes sont nombreuses à travailler à temps partiel sans l’avoir choisi, estime le PTB qui veut aller encore plus loin. Pour inverser la tendance à la flexibilisation, le parti défend la semaine de travail de 30 heures (réduction collective du temps de travail, avec maintien de salaire) afin de permettre aux travailleurs de concilier harmonieusement travail et vie familiale. Selon le PTB, une telle mesure dégagerait également du temps pour les loisirs, lutterait contre le burn‐out et créerait de nouveaux emplois.
S.D. avec Le Ligueur
Illustrations : pixabay CCO