Parmi les derniers invités du pape François, le PDG de Microsoft, Brad Smith. Ensemble, ils ont abordé les différents défis que pose le développement des technologies informatiques et plus spécifiquement de l’intelligence artificielle. Et décidé de la création d’un prix international.
En présence du président de l’Académie pontificale pour la vie, Mgr Vincenzo Paglia, le Pape et Brad Smith ont évoqué les enjeux d’une intelligence artificielle (IA) «au service du bien commun», ainsi que les différents moyens «de réduire la fracture numérique dans le monde».
Former les consciences
Derrière et devant toute machine, il y a un être humain qui est la cause de l’acte exercé par la machine. Il en demeura toujours le premier responsable. Ainsi, loin de condamner purement et simplement le développement technologique, l’Église invite plutôt à la formation des consciences des développeurs afin que leurs travaux soient orientés à créer des outils capables de servir le bien de l’humanité.
Même si donc le scénario « Terminator » relève de la pure fantaisie, les tentations et dérapages n’en sont pas moins réels d’où l’impérieuse nécessité de sonder les intentions et buts poursuivis par ceux qui utilisent ces nouvelles technologies.
Cette première collaboration entre Microsoft et l’Académie pontificale pour la Vie manifeste par ailleurs à quel point plusieurs hauts dirigeants de l’industrie sont conscients de leur responsabilité. Et il faut concevoir les principes éthiques non pas comme un obstacle au progrès scientifique mais comme un levier permettant de développer une IA répondant aux différents besoins réels de l’humanité.
Il est également ressorti de cette audience privée que Microsoft et l’Académie pontificale pour la Vie allaient s’associer pour promouvoir un prix international sur «l’éthique dans l’intelligence artificielle». L’IA, à laquelle l’Académie pontificale pour la vie, très avertie sur le sujet, dédiera également son assemblée plénière de 2020.
L’éthique, priorité du Saint-Siège
En 2019, l’institution vaticane s’intéressera à «la roboéthique: humains, machines et santé», thème de sa plénière prévue du 25 au 27 février prochain.
Fondée par Jean-Paul II le 11 février 1994, l’Académie pontificale pour la vie a comme finalité la défense et la promotion de la valeur de la vie humaine et de la dignité de la personne. Elle développe son activité selon trois axes:
a) étudier, dans une optique interdisciplinaire, les problèmes concernant la promotion et la défense de la vie humaine ;
b) former à une culture de la vie – pour la partie qui lui est propre – à travers d’opportunes initiatives et toujours dans le plein respect du Magistère de l’Église ;
c) informer de manière claire et opportune les responsables de l’Église, les différentes institutions de sciences biomédicales et des organisations socio-sanitaires, les moyens de communication et la communauté civile en général, des résultats les plus importants concernant ses propres activités d’étude et de recherche.
Elle est composée de membres ordinaires, honoraires, correspondants mais aussi de jeunes chercheurs, ceux-ci, âgés de 35 ans au maximum, proviennent de disciplines variées, nommés pour une durée de cinq ans, renouvelable pour un autre mandat.
Aujourd’hui, l’Académie consacre ses travaux aux neurosciences, à la bioéthique et aux modifications du génome humain, aux soins palliatifs, mais aussi depuis quelques années «aux nouvelles frontières des enjeux de vie», sous-tendues par l’intelligence artificielle et la robotique.
Ni diaboliser ni diviniser
Comme l’affirmait le père Frédéric Louzeau dans une entrevue avec Hélène Destombes à Vatican média Cité du Vatican : « L’apport de l’Église à la réflexion se trouve, entre autres, dans le fait qu’elle permet d’éviter tant la diabolisation que la divinisation ». En ce sens, ce nouveau prix et cette collaboration entre Microsoft et l’Académie pontificale pour la Vie sera d’une aide précieuse dans les années. Paul VI avait dit en son temps que « les progrès scientifiques les plus extraordinaires », s’ils n’étaient pas accompagnés « d’un authentique progrès social et moral » se retournaient en définitive contre l’homme. Parole de sagesse.