Du 21 au 24 février, les présidents de toutes les conférences du monde se sont réunis à Rome pour un sommet inédit sur les abus sexuels dans l’Eglise. Les différentes interventions et propositions devraient se traduire maintenant dans des mesures à la fois mondiales et locales.
Qualifiée d’historique par de nombreux observateurs, la rencontre des présidents de 114 conférences épiscopales s’est achevée, au Vatican, par un discours fort du pape François, au terme de quatre jours d’interventions, d’échanges, de témoignages de victimes, et de célébrations "pénitentielles".
"L’écho du cri silencieux des petits, qui au lieu de trouver en eux une paternité et des guides spirituels ont trouvé des bourreaux, fera trembler les cœurs anesthésiés par l’hypocrisie et le pouvoir. Nous avons le devoir d’écouter attentivement ce cri silencieux étouffé", a notamment déclaré François. "Puisque c’est un problème qui s’est diffusé sur tous les continents, j’ai voulu que nous l’affrontions ensemble, d’une manière coresponsable et collégiale, nous, Pasteurs des communautés catholiques du monde entier", a-t-il également souligné lors de l’Angélus du dimanche.
Cette dernière phrase résume bien l’esprit qui a présidé à ce sommet. Si des associations de victimes, ne cachant pas leur déception et leur colère, ont regretté le manque de mesures concrètes, il s’agissait, pour les organisateurs, de permettre une prise de conscience et, surtout, une responsabilisation des épiscopats du monde entier par rapport à ce qui constitue assurément l’une des plus graves crises de l’histoire de l’Eglise. Si, depuis plus de vingt ans, le scandale des abus sur mineurs frappe en effet l’Eglise de plein fouet sur certains continents – en Amérique et en Europe –, d’autres régions pourraient sembler, à tort, préservées par le fléau, principalement les Eglises d’Asie et d’Afrique.
Cela dit, l’intention ferme d’écouter dorénavant toutes les victimes, de sanctionner les coupables et de prévenir les abus devra, au plus vite, se traduire dans des actions concrètes au niveau du Saint-Siège et des Eglises locales.
Parmi les nombreuses propositions entendues, on retiendra, par exemple, les douze "étapes de procédure concrètes" face aux abus sexuels proposées par le cardinal Blase Cupich, archevêque de Chicago (photo ci-contre). Pour ce dernier, il s’agit, notamment, de traiter les victimes et leurs familles avec dignité et respect, de développer des mécanismes de signalement d’abus plus transparents, ou encore, de diligenter des enquêtes rapides et professionnelles au niveau des épiscopats, et d’en faire remonter les résultats au Vatican. Pour le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Mumbaï, il faut aborder le fléau des abus sexuels de manière collégiale. Il suggère également d’améliorer l’échange d’informations au sein de l’Eglise mais aussi avec les autorités civiles.
Sur ce dernier point, on peut encore noter que, en Belgique, la création d’une commission parlementaire ad hoc, en 2010, a fortement aidé l’Eglise à développer une gestion transparente de la crise des abus, à travers la mise en place de points de contacts, et un dédommagement possible des victimes. Des mesures qui pourraient inspirer utilement d’autres conférences épiscopales.
Christophe HERINCKX, d’après Vatican News et cath.ch
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