Sept organisations attaquent l’État belge qui a décidé de limiter l’accès à l’Office des étrangers. Une décision purement politique selon eux alors que des places sont disponibles dans le réseau d’accueil Fedasil.
Depuis une dizaine de jours, de nombreuses personnes originaires de pays comme l’Irak, l’Afghanistan, la Palestine, le Yémen ou le Burundi ne parviennent pas à introduire une demande d’asile lorsqu’elles se présentent à l’Office des étrangers (OE). En effet, depuis le 22 novembre, l’OE ne reçoit plus qu’une cinquantaine de demandeurs d’asile par jour. Et ce mardi 4 décembre, seules une quinzaine de personnes ont eu accès à l’Office des étrangers!
Le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration justifie cette décision par une saturation du réseau d’accueil face à « un pic » des demandes d’asile. Or, le réseau d’accueil de Fedasil, comme l’ont exprimé plusieurs de ses responsables, dispose encore de places vides… Sept organisations (CIRÉ, Vluchtelingenwerk Vlaanderen, la Ligue des droits de l’Homme, NANSEN, la Plateforme citoyenne d’aide aux réfugiés, Médecins du Monde et Médecins sans Frontières) ont donc décidé d’introduit un recours au Conseil d’État contre cette décision contraire à la loi belge. Cette dernière prévoit que lorsqu’une personne a manifesté son souhait d’introduire une demande d’asile, celle-ci doit être enregistrée par les autorités dans les trois jours.
Ces organisations estiment que cette décision est éminemment politique et vise à créer une « crise de l’asile » sans doute opportune dans une situation de politique interne agitée.
Familles et femmes enceintes à la rue
Les associations mobilisées dans ce recours constatent aussi que ce refus d’accès à la procédure d’asile empêche les personnes d’être prises en charge par le réseau d’accueil de Fedasil. Malgré les propos du Secrétaire d’État qui prétend donner priorité aux personnes vulnérables, des familles, des femmes enceintes ou des mineurs isolés se retrouvent à la rue. Résultat: la Plateforme citoyenne recueille désormais des demandeurs d’asile qui devraient être hébergés par Fedasil.
Les acteurs du Hub humanitaire constatent également que des personnes sont renvoyées vers leurs services, a priori destinés aux migrants en transit. « Ce sont donc à nouveau les associations et les citoyens qui sont contraints de pallier les manquements de l’État ! » soulignent-ils dans leur communiqué.
Selon ces organisations, la situation s’aggrave de jour en jour et la tension grandit inévitablement en raison des demandeurs refoulés qui se représentent chaque jour et s’additionnent aux nouveaux arrivés. « Ces personnes en détresse sont totalement abandonnées, aucune attention n’est portée à leur santé, à leur état mental, ou leur vulnérabilité » s’indignent les sept organisations.
P.G.