Avec Beautiful Boy, le Belge Félix Van Groeningen raconte l'émouvant combat d'un père pour sortir son fils adolescent de la toxicomanie.
Quand il était enfant, Nic Sheff était un petit garçon souriant et plein de joie de vivre. Ses parents séparés, il a grandi sur la côte nord de la Californie, avec son père, David, sa nouvelle compagne et deux adorables jumeaux. Maintenant âgé de 18 ans, le jeune homme a toutes les cartes en main pour démarrer une brillante carrière universitaire. Hélas, la vie va en décider autrement. Car, depuis qu'il a douze ans, Nic s'amuse à essayer diverses drogues. D'abord les plus douces, ensuite des produits de plus en plus durs. A tel point que le jeune homme est désormais accro à la méthamphétamine, le pire de ce qu'on trouve sur le marché. Alors qu'il pensait connaître son fils sur le bout des doigts, David tombe de haut en apprenant la nouvelle. Comment ce jeune homme si prometteur a-t-il pu se laisser entraîner dans cette spirale infernale? Et surtout, comment, lui, son père, peut-il l'aider à en sortir?
Félix Van Groeningen, le réalisateur flamand acclamé pour son magnifique Broken Circle Breakdown, réalise, avec Beautiful Boy, son premier film américain. Il passe le test haut la main, livrant un drame sublime sur le soutien d'un père pour son fils en détresse. Leur histoire est d'autant plus touchante qu'elle est vraie. Nic Sheff et son père ont relaté ce combat contre l'addiction dans deux livres, à partir desquels le réalisateur a écrit le scénario de son film. On y assiste aux années de progrès et de rechutes qui sont le lot de tous les accros aux drogues dures. D'autres films ont déjà traité du sujet mais Beautiful Boy se distingue en mettant l'accent sur l'amour inconditionnel du père.
L'authenticité prime
On assiste à l'impuissance de David face à cette véritable maladie qu'est l'addiction. Son fils est devenu un étranger pour lui. La bonne humeur, la complicité, les déjeuners en famille, le sport, tous ces moments de bonheur paraissent désormais lointains. Leur quotidien se rythme sur les tentatives de Nic pour s'en sortir, entre séjours en centre, fugues et grosses frayeurs. Jamais larmoyant mais toujours sincère, Félix Van Groeningen livre un message fort, en plus d'être émouvant. Nic Sheff a grandi dans une famille entouré d'amour, il a toujours fait preuve d'intelligence et de sensibilité. Malgré tout, il a sombré. On s'éloigne donc de la figure du junkie qui utilise la drogue pour s'évader d'une existence difficile. On notera, à ce propos, la prestation du jeune Timothée Chalamet qui incarne avec une grande maturité cet adolescent égaré.
En alternant entre les scènes du bonheur passé et la lutte actuelle, Félix Van Groeningen sensibilise également aux dangers des addictions. Il montre que la consommation de drogue n'est jamais anodine et qu'elle peut mener vers de graves dérives. Poignant, convaincant et juste, ce tableau n'est toutefois pas déprimant. Nic Sheff est parvenu à se sortir de cette sombre passe, comme en témoigne son autobiographie. Il a retrouvé une vie normale et est désormais un adulte accompli. Une belle leçon de vie!
Elise LENAERTS