Mardi après-midi, le Pape François a participé à une rencontre présentant un projet mondial en vue d’une nouvelle alliance entre les générations. La rencontre avait lieu en marge du Synode sur les jeunes, à l’Institut patristique Augustinianum à Rome. Le Saint-Père a répondu à plusieurs questions posées par des personnes âgées, des jeunes et le cinéaste américain Martin Scorsese.
Des interlocuteurs divers
«Partager son expérience avec empathie», «ne pas s’effrayer, ne pas perdre la paix», garder «la main tendue et ouverte»… voilà quelques-uns des conseils donnés par le Pape François lors de la rencontre. Six personnes lui ont posé des questions : des profils variés, célibataires ou mariés, entre 20 et 85 ans. Ils venaient d’Italie, de Colombie, de Malte, ou des États-Unis, comme le cinéaste Martin Scorsese. À chacun, le Pape François a répondu longuement, n’hésitant pas à rapporter de nombreuses anecdotes, faisant référence à des voyages ou à des rencontres. Comme cette «dame qui venait à la maison aider maman à laver : elle était sicilienne, migrante, elle avait deux enfants ; elle avait fait la guerre, la seconde guerre, et ensuite elle était partie avec ses enfants. Et elle racontait des histoires de guerres, et j’ai tellement appris de la douleur de ces gens, ce que signifie quitter son pays, à tel point que j’ai accompagné cette femme jusqu’à sa mort, à 90 ans».
Défis spécifiques, défis communs
D’autres grands thèmes chers au Pape François ont été abordés. Il a par exemple été question de transmission de la foi… Le Pape a tenté de rassurer les parents et les grands-parents qui peinent à transmettre la foi : «je vous conseille beaucoup d’amour, beaucoup de tendresse, de compréhension, de témoignage, de patience. Et de prière».
Devant les jeunes, le Saint-Père a dénoncé la «culture du maquillage» et de la compétition. Plusieurs mots devraient au contraire les guider : «s’ouvrir», «servir», «se risquer»… «il y a plus d’amour à donner qu’à recevoir», a-t-il rappelé. «Les jeunes plus matures – matures dans le sens du développement, sûrs d’eux-mêmes, souriants, avec le sens de l’humour – sont ceux qui avancent progressivement, en chemin, avec le service», a fait remarquer le Pape.
Pour l’intégration des migrants
D’autres paroles fortes du Pape François concernaient l’accueil des migrants et le populisme. Le Saint-Père a condamné «le manque d’humanité, l’agression, la haine entre les cultures, entre les tribus, et aussi une déformation de la religion pour pouvoir mieux détester». Il a dit l’importance pour les jeunes de savoir comment «commencent les populismes» pour ne pas «tomber dans la même erreur». «On ne peut pas vivre en semant la haine », s’est indigné le Pape. «La fermeture est le début du suicide. C’est vrai que les migrants doivent être accueillis, doivent être accompagnés, mais surtout ils doivent être intégrés», a-t-il répondu à Fiorella qui l’interrogeait sur la situation actuelle. «Et pour cela, il est important que toute l’Europe se mette d’accord sur ce problème».
Enfin, en réponse à Martin Scorsese, cet éloge des petites vertus qui viennent à bout de bien des conflits : «La non-violence, la douceur, la tendresse : ces vertus humaines qui semblent petites mais qui sont capables d’ignorer les conflits les plus difficiles».
Un projet, un livre
Le projet présenté ce mardi lors de la rencontre a débouché sur la naissance du livre du père Antonio Spadaro – directeur de la revue des jésuites italiens, La Civiltà Cattolica – publié ce mardi dans neuf langues : » La sagesse du temps. En dialogue avec le Pape François sur les grandes questions de la vie « , édité aux États-Unis par Loyola Press. Le volume est conçu comme un recueil de 250 entretiens avec des personnes âgées dans plus de trente pays avec l’aide d’organisations à but non lucratif comme Unbound ou le Service jésuite pour les Réfugiés (JRS).
En 2016, le pape François a pris contact avec Loyola Press pour répondre à une demande : recueillir les histoires de personnes âgées dans le monde entier et permettre à leur sagesse d’inciter les jeunes générations à construire un monde plus aimant et davantage rempli d’espoir. Partager la sagesse du temps est l’aboutissement de ce projet. Des personnes âgées de plus de 30 pays partagent la sagesse qu’ils ont acquise durant leur vie. D’un tresseur de paniers aveugle du Kenya à une sage-femme centenaire qui, au Guatemala, a accouché 10 000 bébés, chaque histoire est un témoignage de la puissance de la foi, de la persévérance, de la résistance de l’être humain, et de l’amour. Le pape François y participe lui-même en tant que « grand père » comme les autres, en le préfaçant et en égrenant quelques-uns de ses souvenirs au fil des chapitres, mais aussi en commentant plusieurs des histoires rapportées dans ce livre.
L »ouvrage est donc disponible en français aux éditions Fidélité. Pour commander un exemplaire, consultez le site editionsjesuites.com
Source : Vatican News