C’est en tout cas ce que semble affirmer le rapport « Freedom of Thought » de l’Union internationale humaniste et éthique (IHEU). La Belgique, au même titre que Taïwan et les Pays-Bas, est le pays le plus indiqué pour vivre en tant qu’athée ou libre-penseur.
Pour la première fois, le texte classifie les 196 pays par la manière dont ils traitent les athées, les humanistes et les non-croyants. Et donc, la Belgique, les Pays-Bas et Taïwan ont été félicités pour leur approche pluraliste de la religion dans une société laïque. Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de place pour la religion dans l’espace public ou qu’il n’existe pas de pouvoirs conservateurs religieux, souligne Bob Churchill de l’Union internationale, mais bien que les non-croyants ne sont pas systématiquement discriminés.
Pour établir cette liste, l’organisme s’est basé sur quatre thèmes: « constitution et autorités », « éducation et droits des enfants », « société, communauté, famille et justice » et « liberté d’expression et valeurs humaines ».
Les trois pays en tête du classement sont jugés « libres et justes ». La France et le Japon complètent le top 5 tandis que l’on retrouve l’Arabie saoudite en dernière position, précédée de l’Iran et l’Afghanistan. Il s’agit du septième rapport annuel de l’IHEU, présenté à nouveau lors de l’assemblée générale des Nations Unies à New York.
Islam et libre-pensée
COmme cela avait déjà été notifié dans les précédents rapports, l’un des points communs entre les pays qui affichent les plus mauvais scores est qu’ils vivent sous des régimes variés mais basés sur la loi Islamique. Ce qui ne signifie aucunement que tous les pays à majorité musulmane ne respectent pas la liberté de pensée puisque des pays comme le Burkina Faso et le Sénégal performent assez bien selon les critères du rapport. L’une des raisons serait le maintien du droit français, hérité de la période coloniale. C’est donc une vision conservatrice de l’Islam qui fait le lien entre les pays en bas du classement. Et de souligner que dans certains de ces pays, la législation s’est encore durcie ces dernières années comme en Arabie Saoudite où la promotion de l’athéisme est reconnue comme une forme de terrorisme. Le rapport pointe néanmoins des signes d’espoir.
Christianisme = tolérance?
Le rapport met également en lumière la situation spécifique vécue aux Etats-Unis ou être chrétien ne signifie pas toujours être tolérant. Dans le pays de l’Oncle Sam, la notion de liberté religieuse est fortement détournée car présentée comme un droit aux privilèges, à dominer et à discriminer, qui s’éloigne donc de l’esprit de l’article 18 de la DUDH qui proclame la « liberté de pensée, de conscience et de religion. » Le rapport dit aussi le danger de voir cette forme étroite, exclusive de liberté religieuse, dominante aux USA, s’exporter ailleurs dans le monde.
Et l’homme inventa le blasphème
Le rapport fait aussi état de la persécution active contre les libres-penseurs et les athéistes et relève les meurtres perpétrés au Pakistan, en Inde et aux Maldives ou les vagues d’incitation à la haine et à la violence dernièrement en Malaisie, Mauritanie et Pakistan. Ont également été enregistrés par l’IHEU les condamnations à la peine de mort pour « apostasie » (conversion de musulmans à l’athéisme) au Soudan et en Arabie Saoudite. Cette actualité nous rappelle que, plus près de chez nous, l’Irlande vient de voter, suite à un référendum, l’abrogation du délit de blasphème, encore inscrit dans le code pénal. Aujourd’hui même, la chrétienne Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème au Pakistan en 2010 suite à une dispute avec une musulmane au sujet d’un verre d’eau, vient d’être acquittée par la Cour suprême.
Ce rapport du IHEU montre donc que, dans certains pays, les libres-penseurs n’ont que deux options: être invisible ou devenir une cible.
Pour lire le rapport (en anglais), cliquer sur ce lien.