« Veritas est adæquatio intellectus et rei », écrivait fameusement saint Thomas d’Aquin: la vérité est l’adéquation de la pensée et des choses! En ce sens, la vérité consisterait avant tout en l’accord entre ce qui est dit et l’objet qui est énoncé. Voilà une définition traditionnelle de la vérité, mais il y a bien d’autres manières de parler et de communiquer celle-ci. « Ne craignez pas les hommes. Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé. Rien n’est caché qui ne sera connu », nous dit l’évangile de Matthieu. La vérité est aussi une victoire sur nos peurs, un dévoilement patient de la réalité, un travail bienveillant d’humanisation. Car informer – plutôt que partager un objet de communication – c’est avant tout former, se rendre proche des hommes et des femmes et faire accoucher en eux la vérité. La vérité en ce sens plus fondamental a donc à voir avec la Vie. Elle est avant tout relationnelle et paradoxalement relative. Notre monde de la communication a un rapport quelque peu contradictoire à ce travail de vérité. Dans les médias, nous voyons sans cesse des personnes aspirant à ce que toute la clarté et toute la vérité soient faites. Et néanmoins, lorsqu’on aborde la Vérité avec un grand « V », il y a comme une peur car nous savons qu’en son nom, le plus atroce est commis aux quatre coins du monde. Comme l’écrit la sociologue Chantal Delsol dans « L’âge du renoncement », la vérité nous fait peur, et par cela même, nous sommes dans une culture où l’utile a pris le pas sur le vrai. Nous faisons des choses qui nous semblent utiles, mais sont-elles pour autant vraies, ajustées à ce que nous sommes réellement? La Vérité nous rend libres, certes. Mais notre monde de l’utile ne devient-il pas esclave à force de ne pas vouloir la chercher?
Informer en vérité, c’est reconnaître l’utilité d’une parole ajustée
Se donner pour mission d’informer en vérité consiste justement à ne pas dissocier les deux. Informer en vérité, c’est reconnaître l’utilité d’une parole ajustée. Alors que certains se posent la question du « comment bien vivre? » et que d’autres s’intéressent à « ce qui est vrai », l’Evangile viendra toujours réconcilier les deux. « Comme vivre cette vérité venant de Dieu? » La vérité – même si elle dérange – est utile lorsqu’elle se dit avec délicatesse et bonté. En ce sens, nous pouvons bien souvent nous mentir à nous-mêmes, comme le rappelait fameusement Dostoïevski dans Les frères Karamazov: « Celui qui se ment à soi-même et écoute ses propres mensonges arrive au point de ne plus pouvoir distinguer la vérité ni en soi ni autour de soi; ainsi, il commence à ne plus avoir l’estime de soi ni des autres. Ensuite, n’ayant plus l’estime de personne, il cesse aussi d’aimer. » Informer en vérité implique donc de se former dans la vérité. Le travail de vérité commence en nous. Cela nous rappelle l’utilité de la vérité bien- veillante, qui prend ensuite le temps de se dire, de se partager.
Sur ce chemin de dévoilement, les médias ont un rôle absolument décisif. Il s’agit de poser un regard bienveillant sur le monde. Informer en vérité revient à avoir une longueur d’avance sur le pessimisme ambiant, une hauteur d’avance sur la recherche de l’audience. Informer en vérité, c’est ce que nos médias diocésains et interdiocésains veulent proposer à leur mesure: un regard confiant et patient sur le monde, où la parole d’évangile peut venir se vérifier. Loin de la recherche du scoop, nos médias d’Eglise s’attachent à faire (re)découvrir les lieux et les personnes qui donnent de l’espérance, partagent leur joie, et offrent un autre regard sur l’actualité, sur le monde et l’Eglise. La plupart de nos produits sont diffusés gratuitement, mais cette gratuité a un prix! C’est pourquoi, nous avons besoin de votre soutien. Cette année encore, la campagne pour le dimanche des médias soutiendra particulièrement les différents services de Cathobel (le site internet Cathobel – les émissions « Il était une foi » en radio et en TV – le journal Dimanche – les messes radio-tv) et le réseau des radios R.C.F. Merci d’avance pour votre générosité et votre soutien!
✐ Didier CROONENBERGHS