L’Eglise lève toutes les ambiguïtés sur son rapport à la peine de mort. Conformément au vif souhait exprimé par le pape François, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a procédé à la modification de l’article 2267 du Catéchisme de l’Eglise catholique, qui stipule donc désormais le rejet total de cette pratique jugée contraire à la dignité humaine.
Dans sa première version datant de 1992, puis dans sa version corrigée de 1998, le Catéchisme de l’Eglise catholique tolérait le recours à la peine de mort « en cas d’absolue nécessité« . Cette prise de position, défendue et assumée dans le passé par plusieurs papes, s’expliquait au regard d’une « situation politique et sociale qui faisait de cette peine un instrument acceptable en vue de la sauvegarde du bien commun« .
Une prise de conscience « à la lumière de l’Evangile »
La prise de conscience du caractère inadmissible de cette pratique s’est faite lentement mais sûrement dans le peuple de Dieu, « à la lumière de l’Evangile« , et conforté par l’enseignement de ses pasteurs. C’est d’ailleurs de cette manière que, le plus souvent, l’enseignement de l’Eglise s’approfondit au cours de son Histoire.
Sur ce long chemin de réflexion, l’encyclique Evangelium Vitae du pape saint Jean-Paul II constitue une étape fondamentale. Le pape polonais y indiquait, parmi les signes d’espérance d’une nouvelle civilisation de la vie, « l’aversion toujours plus répandue de l’opinion publique envers la peine de mort, même si on la considère seulement comme un moyen de ‘légitime défense’ de la société, en raison des possibilités dont dispose une société moderne de réprimer efficacement le crime de sorte que, tout en rendant inoffensif celui qui l’a commis, on ne lui ôte pas définitivement la possibilité de se racheter« .
Une évolution conforme au Magistère
Cette volonté d’abolir la peine de mort s’est ensuite développée sous Benoît XVI, qui déclarait en novembre 2011, lors de l’audience générale, à un groupe de fidèles: « que vos débats encouragent les initiatives politiques et législatives actuellement promues dans un nombre croissant de pays en vue d’abolir la peine de mort et de poursuivre les progrès importants accomplis afin de rendre le droit pénal plus conforme à la dignité humaine des prisonniers et au maintien efficace de l’ordre public« . Enfin, le 11 octobre 2017, le pape François demandait expressément la révision du Catéchisme de l’Eglise catholique sur ce point, estimant que « la peine de mort est une mesure inhumaine qui blesse la dignité personnelle« . Cette modification s’inscrit donc dans un « développement authentique de la doctrine« , et ne « contredit pas les enseignements antérieurs du magistère » universel. Encore une fois, ce « développement » montre, à partir d’une question précise, que le magistère de l’Eglise s’approfondit constamment au cours du temps, dans une continuité qui n’exclue pas de réelles nouveautés.
La dignité de la personne
La nouvelle formulation qui sera inscrite dans le Catéchisme affirme que « la suppression de la vie d’un criminel, comme punition d’un délit, est inadmissible parce qu’elle attente à la dignité de la personne, laquelle n’est pas perdue même après des crimes très graves« . De plus, « étant donné que la société actuelle dispose de systèmes de détention plus efficaces, la peine de mort n’est plus nécessaire pour protéger les personnes innocentes« . Il n’en demeure pas moins que « l’autorité publique a le devoir de défendre la vie des citoyens« , comme le magistère l’a maintes fois répété au long des âges.
Cette nouvelle formulation, approuvée par le pape François, est entrée en vigueur ce mercredi 1er août 2018. Elle veut contribuer à « un engagement décisif, notamment par un dialogue respectueux et serein avec les autorités publiques, afin de favoriser une mentalité qui reconnaisse la dignité de chaque vie humaine« , et réaffirmer, avec force et sans équivoque le combat déterminé de l’Eglise pour l’abolition totale de cette peine de mort.
C.H., d’après Manuella Affejee- Cité du Vatican – Image: Seringue – CC0 Pixabay