Alors que la Belgique souffre d’un réel manque de main d’œuvre, des femmes et des hommes risquent leur vie pour atteindre l’Europe. Il existe des voies d’accès régulières et sûres pour atteindre l’Europe mais elles sont très limitées. Une politique constructive autour de la migration du travail est urgente.
Dans un rapport écrit en partenariat avec des syndicats et des organisations sociales dont Caritas International, la coupole 11.11.11 insiste sur l’urgence d’une réelle politique autour de la migration de la main d’oeuvre – également appelée migration du travail (labour migration en anglais). Cette migration de la main d’oeuvre offre une approche positive pour notre pays, pour la personne migrante, et pour le pays d’origine. Une relation donc triplement gagnante.
Un manque de main d'oeuvre en Belgique
D’après la Fédération des entreprises de Belgique (FEB), près de 130.000 postes demeurent vacants en Belgique. Ce manque est drastique dans certains secteurs notamment dans la construction qui sera dans les prochaines années à la recherche de 20.000 travailleurs. Le secteur de la santé est également touché avec un manque de personnel qui ne cesse de s’accentuer.
De manière générale, cette pénurie de main-d’œuvre ne fera qu’augmenter dans les cinq à dix prochaines années en raison du vieillissement de la population. Il y a tout simplement trop peu de jeunes qui entrent sur le marché de l’emploi pour compenser les personnes âgées qui le quittent.
« Nous constatons que sans une politique migratoire intelligente et ciblée, nous ne pourrons continuer comme cela pour les 5 à 15 ans à venir » explique Hans Maertens, Directeur général de Voka [Réseau d’entreprises flamand] à Terzake. « C’est peut-être contradictoire avec ce que les medias laissent entendre. Mais si nous voulons maintenir la prospérité de la Flandre, nous devons maintenant commencer le débat de la migration du travail. »
Moteur de développement
Si nous voulons maintenir notre niveau de prospérité, il est urgent pour Caritas de construire une politique autour de la migration du travail. Une politique où les métiers en pénurie seraient occupés par des travailleurs étrangers. En effet, alors que la demande de main d’œuvre est importante en Belgique, l’offre l’est également dans beaucoup de pays en voie de développement. Ces pays sont souvent confrontés à de faibles progrès économiques et à une forte croissance démographique.
La migration du travail peut offrir l’opportunité d’augmenter les revenus dans les pays d’origine, par exemple à travers l’envoi de fonds et les investissements. Elle permet ainsi de contribuer à son développement. Plus important encore : une politique de migration bien gérée est un instrument important de lutte contre les inégalités et la pauvreté. Ce discours n’est pas uniquement partagé par les ONG, mais également par la banque mondiale et l’ensemble des États membres des Nations Unies qui ont signé les objectifs de développement durable.
Besoin d'un système plus souple
Un politique de migration de la main d’œuvre plus souple serait bénéfique tant pour les personnes migrantes que pour les pays d’origine et les pays d’accueil – comme la Belgique. Mais, aujourd’hui, une telle politique est encore au stade embryonnaire – surtout depuis la sixième réforme de l’Etat qui a accordé plus de compétences aux régions.
S.D. avec Caritas International