Ce mercredi 4 juillet, la sortie de l’avortement du Code pénal sera débattu en Commission Justice de la Chambre. Alors que le Centre d’Action Laïque (CAL), la Fédération Wallonie-Bruxelles, ou encore la Ligue des Droits de l’Homme réclament cette dépénalisation totale, on peut se poser cette question: certains droits humains priment-ils sur d’autres?
Si la réponse à cette question est difficile, parce qu’elle engage à la fois des conceptions philosophiques ou religieuses, et une certaine interprétation de données scientifiques, la question doit être posée: le foetus humain est-il un être humain?
Sur son blog, le chanoine Eric de Beukelaer, prêtre du diocèse de Liège, pose clairement la problématique qui, selon lui, fait l’objet d’un déni: « ‘Refuser toute personnalité juridique au foetus’ (…) est, selon moi, un signe de ‘déni’. Le ‘déni’ est un mécanisme psychologique, qui consiste à refuser – par confort mental – de voir une situation en toute lucidité, avant de prendre une décision politique à son sujet« . Ce « refus d’accorder toute personnalité juridique au foetus » – précisons: « humain » – se trouve dans la « Déclaration de Bruxelles », pétition promue par le CAL et la Fédération Wallonie-Bruxelles – dont on peut se demander si elle ne sort pas de sa neutralité philosophique en appuyant cette position, neutralité à laquelle elle est tenue constitutionnellement.
Mais c’est que, précisément, on ne veut pas seulement sortir l’avortement du Code pénal, mais également du débat (inter)convictionnel ou philosophique. Désormais, seuls les médecins auraient le droit de poser un avis sur l’IVG, ramené à un simple acte médical, tout comme l’interruption… médicale de grossesse. A côté, bien sûr, des femmes concernées, qui sont seules à pouvoir prendre la décision d’avorter.
On ne le dira jamais assez: les situations de détresses de certaines femmes sont bien réelles, et il ne s’agit pas, répétons-le aussi, de poser un jugement sur ce qui a pu poussé certaines femmes à demander une IVG. De là à parler de droit absolu, il y a tout de même un pas important. Pas que, semble-t-il, n’a jamais franchi Simone Veil, à l’origine de la dépénalisation partielle de l’avortement en France (1974), et entrée au Panthéon avec son époux le weekend dernier. Pour elle, l’avortement était un dernier recours, pas un droit fondamental.
Les comparaisons peuvent être dangereuses. Nous n’en ferons donc pas. Rappelons tout de même que, au cours de l’Histoire de l’humanité, de fréquentes « erreurs » – il faudrait sans doute plutôt parler d’errances – ont été commises lorsqu’il s’est agi de reconnaître, ou de ne pas reconnaître, certains droits humains fondamentaux.
Le foetus est-il un être humain? Le chanoine de Beukelaer pose aussi cette question, et y répond pour sa part: « le foetus est une vie humaine en devenir et donc, bien davantage qu’un simple tissu biologique. S’il n’est qu’un amas de cellule, comment expliquer qu’à un moment donné apparaît – comme par génération spontanée – un être humain? Et quand ? A partir de telle ou telle semaine, ou une fois la naissance advenue?« . Poser les questions, ce n’est pas nécessairement y répondre, mais les questions ne peuvent être ignorées.
Christophe Herinckx
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