Les évêques du pays, eux, avaient fait part de leur profonde douleur face à cette tragédie, le 31 mai, condamnant «tous les actes de répression par des groupes proches du gouvernement». En raison de cet enlisement du conflit et de la sévère répression gouvernementale, ils avaient déjà annoncé suspendre «le dialogue national», à savoir les discussions entre gouvernement et opposants dont ils assuraient la médiation.
Une vague de fond populaire contre le président Ortega
Malgré la réprobation de la communauté internationale, Daniel Ortega, l'actuel président, affirme qu'il ne partira pas, rejetant ainsi les demandes de l'opposition en faveur d'élections anticipées afin d'abréger son mandat, prévu jusqu'en janvier 2022. La contestation populaire est partie au Nicaragua d'une réforme des retraites - abandonnée depuis -, mais a vite tourné à un mouvement général de rejet du chef de l'État, accusé de confisquer le pouvoir depuis plus de dix ans maintenant.
Le cardinal Miguel Obando Bravo s’est également éteint ce dimanche 3 juin 2018, dans un contexte difficile pour les relations entre l’Église et l’État, compte tenu de la médiation délicate assumée par la conférence épiscopale entre le gouvernement et la société civile, pour tenter de trouver une sortie de crise après des manifestations qui ont fait plusieurs dizaines de morts. Malgré ces tensions, le gouvernement du Nicaragua a décrété trois jours de deuil officiel pour rendre hommage au cardinal.
Né le 2 février 1926, ordonné prêtre en 1958, après des études de théologie puis de psychologie des vocations au Guatemala, en Colombie, au Venezuela et à Rome. Après son ordination sacerdotale, il fut professeur de mathématiques et de physique au Salvador, puis recteur de séminaire, avant d’occuper différentes responsabilités au sein de la congrégation salésienne. En 1968, il est nommé par Paul VI évêque auxiliaire de Matagalpa, au Nicaragua, puis devient dès 1970 archevêque de Managua, la capitale.
Au cours de ce très long épiscopat, le cardinal Obando Bravo avait notamment accompagné l’Église nicaraguayenne dans le contexte difficile de la guerre civile entre les sandinistes de l'actuel président Daniel Ortega, soutenus par Cuba, et les "contras" soutenus par les États-Unis. Sa fidélité à Rome et son souci de l’unité de l’Église, en même temps que son engagement pour les pauvres et les paysans, lui ont valu une grande reconnaissance internationale.
S.D. avec VaticanNews