L’année dernière, Unia, le service public indépendant de lutte contre la discrimination et de promotion de l’égalité des chances, a ouvert 2.017 dossiers pour des faits de discrimination potentielle,enregistrant donc une augmentation de près de 6% par rapport à 2016 (1.907 dossiers). La plus forte croissance s’observe dans le domaine de l’Emploi et du Travail.
Les critères les plus couramment invoqués pour les dossiers ouverts dans le domaine de l’Emploi et du Travail restent les critères raciaux (les origines, pour 27% des dossiers), du handicap (1 dossier sur 5) et de l’âge (15,7%). L’emploi reste aussi le premier secteur pour lequel Unia est sollicité dans le cadre de dossiers individuels de discrimination.
Ces chiffres nous envoient un message des plus inquiétants : vous aurez plus de chance de trouver un emploi de qualité et de le garder si vous êtes blanc, dans la bonne tranche d’âge (25-45 ans), en bonne santé et même avec les bonnes origines sociales. En dehors de ce profil, le candidat devra davantage faire ses preuves pour conserver son emploi tout en étant plus exposé aux discriminations.
Au pied du podium : santé et religion(s)
Par rapport à l’année passée, Unia note une augmentation assez significative des dossiers liés à l’état de santé. Ce critère se hisse à la 4ème place du podium au même niveau que les convictions religieuses. Unia reçoit donc de plus en plus de signalement pour des attitudes hostiles, vexatoires, voire des licenciements suite à des demandes légitimes d’aménagements raisonnables ou des périodes d’absences pour cause de maladie. Or, comme le souligne Patrick Charlier, directeur d’Unia, « Chacun d’entre nous est susceptible de devoir affronter une absence de longue durée en raison d’une maladie. Se voir mis de côté, devoir subir des remarques ou des décisions arbitraires, et parfois se faire licencier est injustifiable. »
Pour Unia, les employeurs doivent investir dans l’inclusion, en misant sur la volonté de la personne et ses talents plutôt que de la voir à travers son handicap ou sa maladie. Les employés sont fidélisés s’ils peuvent retourner au travail dans de bonnes conditions après une absence ou un traitement de longue durée, sans avoir la crainte du licenciement, et en pouvant compter sur la flexibilité de leur direction. Une formule dans laquelle chacun sort gagnant.
Des avancées réelles
Cette analyse sur base des dossiers ouverts par Unia confirme les conclusions du Monitoring socio-économique publié en 2017 et qui démontrent que l’origine reste un facteur déterminant pour expliquer les inégalités sur le marché du travail. L’écart entre les personnes d’origine belge et les personnes d’origine étrangère est manifeste, cela est même accentué en tenant compte du genre et de l’âge. Mais Unia tient également à pointer des avancées réelles à Bruxelles et au niveau fédéral: les tests de situation peuvent contribuer de manière significative à l’objectivation de comportements discriminatoires. Une surveillance accrue des autorités stimulera automatiquement l’autorégulation dans les entreprises et les secteurs.
Un appel aux communes
Unia tient à envoyer un message aux villes et communes du pays en cette année électorale. Les autorités communales sont aussi des employeurs et doivent montrer l’exemple en veillant à ce que leur personnel représente la diversité de leurs administrés. Unia a d’ailleurs lancé, à destination des élus locaux, le site Internet Le Choix Égalité, où sont rassemblées les bonnes pratiques qui visent à promouvoir l’égalité des chances au niveau local.
S.D.