A l’approche des élections communales, la Ligue des familles entend bien jouer pleinement son rôle en amenant les préoccupations des familles dans le débat public. La Ligue a récolté l’avis des parents et en a fait un document à destination des futurs élus politiques.
Pour connaître les besoins et souhaits prioritaires des familles, la Ligue des familles a mené une grande enquête : « Comme parents, que voulez-vous changer dans votre commune ? ». Du 7 mars au 29 avril 2018, la Ligue des Familles a pu recueillir l’opinion de près de 3500 parents. Après examen, 2595 réponse ont été retenues.
Profil des répondants
Avant de se plonger plus en avant dans les résultats, il est intéressant d’analyser le profil des répondant(e)s. En effet, le profil type est celui d’une femme, entre 31 et 40 ans, vivant en couple avec deux enfants et dont les revenus du ménage s’élèvent entre 2001 et 4000 euros. Néanmoins, la variété des répondants permet de sonder les besoins de tous les types de familles (classiques, monoparentales, recomposées), de toutes les régions du pays et aux revenus variés. On notera par contre une écrasante majorité de répondantes (81%).
Scolarité
La Ligue des Parents a privilégié différents thèmes dont la scolarité, source des principales inquiétudes dans la vie des parents. Sans grande surprise, ceux-ci réclament plus de places, à tous les niveaux du parcours scolaire (maternelle, primaire, secondaire). 82% des sondés marquent comme priorité absolue le fait d’augmenter le nombre de places dans les crèches et d’en diminuer le coût. Cette préoccupation du manque de places en général est commune à toutes les régions. Toutefois, elle est beaucoup plus vive à Bruxelles où plus de deux tiers des parents estiment que la création de places en maternelles et en primaires est très importante. Dans le secondaire, pas moins de 75% des parents bruxellois sont très préoccupés par le manque de places; en moyenne, 40 % des Wallons partagent cette inquiétude. En matière de repas scolaires, les parents se montrent particulièrement soucieux de la qualité de l’alimentation proposée à leurs enfants : 88% d’entre eux estiment qu’il est important à très important de favoriser les produits sains, bio, locaux. Ce souci est commun à toutes les catégories de revenus. Autre enseignement important et révélateur des difficultés rencontrées par les parents du 21e siècle: le souhait de voir élargir les horaires des garderies scolaires. 45% des parents aimeraient que l’ouverture soit effective avant 7h. Cette demande devrait nous interpeller sur la problématique de concilier vie professionnelle et vie de famille. Dans le dossier scolarité, les chiffres font également ressortir les besoins spécifiques des familles monoparentales plus concernées par les solutions de gardes alternatives, halte-garderies ou gardes d’enfants malades.
Sport, loisirs et culture
Si la majorité des parents sondés souhaiteraient voir se développer plus de plaines de jeux et espaces verts, ces derniers étant demandés par deux tiers des parents vivant en milieu urbain, ils sont également désireux de voir les horaires d’accès élargis pour les bibliothèques, piscines et musées. 7 parents sur 10 pensent aussi qu’il faut développer une offre spécifique d’activités pour les ados.
Logement
On peut souligner que les parents veulent soutenir les familles monoparentales et à bas revenus, les deux étant parfois liés. Ils sont tout à fait favorables à ce que des mesures soient mises en place pour faciliter l’accès au logement pour ces familles en difficulté. Les familles monoparentales plébiscitent aussi d’autres modes d’habitat comme la cohabitation ou l’habitat groupé. Les Bruxellois sont plus d’un tiers à estimer très importante la création de logements (38%), contre 24% des Wallons. Ils veulent également davantage qu’on favorise l’accès au logement pour les revenus faibles (47% contre 35% des Wallons) et pour les revenus moyens (36% contre 26% des Wallons). Une hypothèse pouvant expliquer ces préférences bruxelloises est la crise du logement dans la Région. Bruxelles compte une forte proportion de locataires : 61% des logements y sont loués contre 34% des logements wallons.
Mobilité et handicap
Plus de la moitié des parents veulent des routes en meilleur état et des trottoirs plus accessibles, notamment pour les poussettes, personnes à mobilité réduite, malvoyants, … Près de 9 parents concernés sur 10 jugent important ou très important d’améliorer l’aménagement urbain pour les personnes à mobilité réduite et de les consulter avant d’envisager des interventions qui leur sont destinées. 386 parents ont déclaré qu’eux-mêmes ou un membre de leur famille étaient ou avaient été à mobilité réduite (y compris temporaire) au moment de l’enquête ou lors des deux dernières années. Les familles monoparentales et nombreuses demandent plus que les autres une amélioration des transports en commun. Les parents bruxellois veulent des transports en commun performants et les parents wallons des routes en bon état, reflet des différents types de mobilité privilégiés selon les régions.
Migrants
Un dernier mot sur une question d’actualité depuis la crise migratoire de 2015. Quelle est l’opinion des parents concernant l’accueil des migrants? 54% des parents s’expriment en faveur d’initiatives communales pour favoriser l’accueil des migrants – cette proportion grimpe à 76% parmi les parents bruxellois. Dans toutes les provinces, le nombre de parents qui approuvent les mesures d’accueil à l’égard des migrants est supérieur d’au moins 10% à ceux qui estiment que ces mesures n’ont pas de raison d’être. L’enquête a pu démontrer que les revenus du ménage influencent la perception des parents sur le sujet. Cependant, quels que soient les revenus du ménage, le pourcentage de parents qui répondent « oui » est supérieur à ceux qui répondent « non ».
Lire le rapport complet reprenant les résultats de l’enquête.
Sophie Delhalle