Colombie : l’Église appelle à la poursuite du processus de paix


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Colombie : l’Église appelle à la poursuite du processus de paix
Le président de la Colombie, Ivan Duque CC-BY-3.0
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

Après l’élection d’Ivan Duque, les évêques appellent à la préservation du processus de paix et à une lutte plus incisive contre la corruption.

Jeune avocat de 41 ans, candidat du parti de droite “Centre démocratique”, soutenu par l’ancien président Alvaro Uribe, Ivan Duque (photo) est sorti vainqueur du second tour de l’élection présidentielle colombienne, avec 54% des voix, contre le candidat de gauche Gustavo Petro. Le président Juan Manuel Santos, qui ne pouvait pas se représenter après deux mandats, quittera ses fonctions le 7 août. Ses huit années de pouvoir ont été marquées par la conclusion difficile d’un accord de paix qui, malgré la victoire du “non” lors du référendum d’octobre 2016, a valu au chef de l’État le prix Nobel de la Paix, mais aussi une opposition absolue de la part de son prédécesseur Alvaro Uribe, dont il avait pourtant accompagné la politique en tant que ministre de la Défense de 2006 à 2009.

L’accord avec les FARC remis en question

Dans un moment crucial pour la Colombie, deux ans après l’accord de paix signé avec la guérilla marxiste des Farc, au terme d’une guerre de plus de 50 ans qui a fait 260 000 morts, plus de 60 000 disparus et plus de sept millions de déplacés, Ivan Duque a déclaré vouloir réviser les conditions de l’accord afin que les victimes soient «au centre du processus, pour garantir vérité, justice et réparation». Lors de la campagne électorale, il avait annoncé qu’il ferait en sorte que les anciens responsables de la guérilla accusés de graves crimes devraient aller en prison et se voir empêchés d’être élus au Parlement.

L’épiscopat appelle à préserver l’accord

Interrogé par Vatican News, l’évêque auxiliaire de Medellin et secrétaire général de la conférence épiscopale, Mgr Elkin Fernando Alvarez Botero, précise que le futur chef de l’État a tout de même «promis de ne pas détruire les accords de paix, bien qu’il ait rappelé la nécessité d’introduire des modifications». «Dans les prochains jours nous verrons quelles seront ces modifications et nous espérons aussi qu’elles pourront être pour le bien, pour la paix, pour assurer les fondements du pays aussi pour ce qui concerne la construction de la réconciliation. Et nous espérons que nous le nouveau président continuera la ligne de dialogue avec l’autre guérilla, l’ELN», explique l’évêque colombien.

La corruption parmi les maux les plus graves

Ivan Duque a parlé aussi d’une «attaque frontale» contre la corruption, face à une augmentation de la production de cocaïne qu’il voit comme une «menace contre la sécurité nationale». Mgr Alvarez Botero a déclaré ressentir «en ce moment, que la corruption est vraiment l’un des maux les plus graves du pays et cette lutte est donc fondamentale pour pouvoir avancer dans le projet de construction d’une Colombie nouvelle. La corruption n’est pas seulement politique ou économique. Elle est aussi celle des idées, des modes de vie. Il faut donc faire avancer cette lutte et avoir des résultats au plus vite.»

Le respect des valeurs traditionnelles

Les évêques colombiens envoient leur félicitations au nouveau président et manifestent «la disponibilité de l’Église» à s’engager dans tous les secteurs dans lesquels la mission doit être mise en œuvre pour faire progresser le paix. Les évêques demanderont «au nouveau président surtout le respect de la vie et la défense des valeurs de la famille, qui sont les fondements pour avoir une Colombie vraie et nouvelle». Mgr Alvarez Botero, en rappelant que Ivan Duque a «convoqué tous les secteurs de la Colombie pour qu’ils contribuent au progrès de la nation et participent aux processus démocratiques», espère donc que cela pourra devenir une réalité et que des temps nouveaux arriveront pour la Colombie.

Giada Aquilino (Vatican News)

Catégorie : International

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