Un septuagénaire se rend dans un hôtel de Varanasi, anciennement Bénarès, au bord des rives du Gange. Cette quête spirituelle l’amènera à nouer des liens forts avec son fils et à réfléchir sur son existence.
Le scénario d’Hôtel Salvation est en apparence très simple: un homme de 77 ans annonce à sa famille vouloir finir ses jours à Varanasi (anciennement Bénarès), ville sacrée située au bord du Gange, au nord-est de l’Inde. Son fils, un père de famille accaparé par son travail, propose à contre cœur de l’accompagner. Les deux hommes atterrissent dans une sorte de centre de séjour destiné aux personnes en fin de vie. Le responsable des lieux leur impose une condition: la location ne pourra excéder deux semaines…
Il n’y a pas à proprement parler de vrai tournant dans ce long-métrage à l’ambiance douce-amère. L’idée est surtout de décrire une relation père-fils et, pour le public européen, de mieux cerner cette société indienne spirituelle centrée sur les relations humaines. Hôtel Salvation, imaginé par un tout jeune réalisateur indien de 26 ans, aborde différentes thématiques: conflit entre traditionalisme et société moderne, importance du sacré, besoin de lien entre les générations, importance du mariage et même prépondérance de la nourriture dans les conversations. On y voit, par exemple, le père excédé par son fils qui mange en téléphonant, des discussions philosophiques entre voisins de chambre ou encore le fils communiquant par Skype avec sa fille pour évoquer un futur mariage. Ces conversations a priori anodines construisent une sorte de portrait subtil et éclairant sur la société indienne.
A la recherche du Salut
Le film prend tout son sens quand on comprend le titre, à traduire en français par "Hôtel du Salut". Le Salut, sorte de délivrance et libération du péché pour monter au paradis, est une notion spirituelle bien évidemment présente dans le catholicisme, mais également dans l’hindouisme, le judaïsme ou encore le bouddhisme. Le choix de tourner à Varanasi n’est d’ailleurs pas innocent: cette ville est "la" destination de prédilection de pèlerinage pour les hindous. L’autre personnage central du film est l’hôtel où se réfugient les Indiens pour mourir. "Lorsque j’ai entendu parler de ces lieux, je n’y avais pas cru", révèle le réalisateur Shubashish Bhutiani. "A mon grand étonnement, ces hôtels sont quelque peu cachés, très modestes et s’intégrant parfaitement au décor de la ville. Ma véritable surprise est venue des conversations des clients, lorsque j’apprenais leurs histoires respectives."
Léger, dégageant une vraie sérénité et propice à la réflexion, Hôtel Salvation s’est déjà offert un beau parcours dans différents festivals, dont celui de Venise, duquel il est reparti avec un prix. Le film a également été bien reçu en Inde, chose beaucoup moins évidente qu’elle n’y paraît. Vu le foisonnement des blockbusters produits à Bollywood et Hollywood, les films d’auteur n’ont pas tous la chance de trouver leur public.
Géry BRUSSELMANS