Rotation à la tête de l’Exécutif des Musulmans


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Rotation à la tête de l’Exécutif des Musulmans
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
3 min

L'Exécutif des Musulmans de Belgique (EMB) a élu ce vendredi 11 mai son nouveau Président, le Belgo-Turc Mehmet Üstün de la Mosquée Sultan Ahmet à Heusden-Zolder au Limbourg. Son prédécesseur Salah Echallaoui, inspecteur d’origine marocaine de Huy, reste Vice-Président francophone tandis qu’un autre Belgo-Turc reprend la Vice-Présidence flamande.

L’organe officiel du culte musulman dans notre pays, l’Exécutif Musulman de Belgique (EMB), est organisé en trois composantes: la première représente les musulmans d’origine marocaine (majoritaires en Belgique), la seconde les musulmans d’origine turque et la troisième composante est pour les "autres" musulmans, comme par exemple les Bosniaques, les Pakistanais, etc.

Cette répartition en trois composantes a remplacé en 2014 un système d’élections générales et sert à éviter la confrontation permanente de la majorité marocaine profondément divisée avec la minorité turque en général bien plus organisée. En effet, les dernières élections générales de 2005 avaient été boycottées par la majeure partie des musulmans d’origine marocaine et l’Assemblée générale de l’EMB avant 2014 comptait donc un nombre important d’élus d’origine turque.

Présidence rotative

L'élément fondamental de la réforme de 2014 était la Présidence rotative: les composantes avaient conclu qu’après un président issu de la composante marocaine pendant trois ans, la relève serait prise par un président turc pour les trois années suivantes. Cet accord de 2014 a été mis en œuvre maintenant. Car comme Salah Echallaoui avait succédé à Noureddine Smaili en plein mandat, il avait été convenu qu’il pouvait rester pour "au moins" deux ans. Ces deux années écoulées, la composante turque a insisté pour qu'Echallaoui soit remplacé par un Turc. Mais pour assurer la continuité des divers chantiers que le Président sortant a mis en œuvre, Salah Echallaoui reprend la Vice-Présidence francophone tandis que le Vice-Président sortant flamand, Mohamed Achaibi de Lokeren, est remplacé par le Turc Bayram Saatçi de Genk. "Le bureau de la Présidence va dorénavant travailler en collégialité", insiste Salah Echallaoui.

La Diyanet

Le moment de cette rotation n’est pas anodin. Faute de financement adéquat des mosquées par l’État belge pendant des décennies, il est difficile de dénouer les relations financières des mosquées en Belgique avec leur pays d’origine. Cela n’est pas le modèle prôné par les autorités belges, mais la mise en place d’une alternative tarde. Par moments, elle est même bloquée par certains responsables politiques qui refusent obstinément de reconnaître de nouvelles mosquées, ce qui empêche le recrutement d’imams rémunérés par le ministre de la Justice. "Le rôle important de la Diyanet - le directorat turc des affaires religieuses – dans les mosquées turques date du temps où nous n’avions pas les moyens de former nos propres imams turcophones", note Mehmet Üstün, "or, l’Exécutif des Musulmans de Belgique maintient l’intention de créer dans les meilleurs délais un propre centre de formation pour les imams de toutes les communautés."

Grande Mosquée

À voir maintenant comment la nouvelle Présidence de l’EMB va gérer les trois dossiers les plus épineux du moment: la formation et la nomination des imams dans les mosquées ; la reconquête de la Grande Mosquée de Bruxelles sous influence wahhabite ; et l’établissement d’une "unité dans la diversité" au sein d’une communauté musulmane vivant dans un pays avec un modèle particulier pour les relations entre les cultes et les autorités publiques.

Tout cela serait évidemment bien plus simple si l’opinion publique, les médias et les responsables politiques en Belgique voulaient être un peu plus confiants. Mehmet Üstün a en tous cas - comme son prédécesseur - d'excellentes relations avec la communauté chrétienne et plusieurs autres responsables dans le dialogue inter-religieux. À lui de jouer maintenant, avec ses Vice-Présidents, le jeu délicat de gestionnaire, organisateur, animateur… et diplomate.

Benoit LANNOO - Photos: Mehmet Üstün avec le ministre de la Justice Koen Geens (photo de Une), Salah Echallaoui dans son bureau. (DR)


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