Après un mois de manifestations qui ont fait plus de 50 morts, la crise sociale nicaraguayenne se dirige-t-elle vers une accalmie? C’est l’enjeu du dialogue national qui a débuté le 16 mai. L’épiscopat nicaraguayen très proactif depuis le début des contestations organise la médiation entre société civile et gouvernement.
«Après avoir entendu la clameur de la grande majorité de la société et conscients de la gravité de la situation que traverse le pays (…), nous annonçons l’ouverture du dialogue le mercredi 16 mai à 10 heures du matin», a déclaré le président de la Conférence épiscopale nicaraguayenne (CEN), le cardinal Leopoldo Brenes, archevêque de Managua, lors d’une conférence de presse, tenue le 14 mai.
La CEN explique ne pas détenir de solution miracle, mais «avoir des points de référence telle que la dignité des personnes et le bien commun». Des valeurs qui leur permettront d’aborder la question «structurelle» du fonctionnement des institutions. «Grâce à la bonne volonté des parties, en écoutant attentivement les propositions qui seront faites, nous espérons parvenir à des accords importants qui se traduiront par des décisions concrètes», ont confié les évêques, qui ont invité tous les catholiques à «une journée nationale de jeûne, de prière et de récitation du Saint Rosaire» le vendredi 18 mai.
« Lueurs d’espoir »
La contestation, qui a débuté le 18 avril après une réforme des retraites abandonnée depuis, dénonce la confiscation du pouvoir par le président Daniel Ortega (photo), 72 ans, au pouvoir de 1979 à 1990 puis depuis 2007.
En vue d’apaiser les esprits, le président nicaraguyen avait accepté deux conditions «préalables» posées par l’épiscopat à tout dialogue: la fin de la répression des manifestations et l’autorisation pour la Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH) d’enquêter sur les morts de manifestants. Les manifestations antigouvernementales se sont en effet poursuivies et intensifiées durant tout le week end du 12 et 13 mai.
L’ouverture du dialogue national est donc une petite lueur d’espoir pour le Nicaragua, même si les circonstances ne sont pas idéales, selon les mots du cardinal Leopoldo Brenes.
Vatican News (Delphine Allaire)/ J.J.D.
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