Mgr Vincenzo Paglia (photo), conseiller spirituel de Sant’Egidio s'est déplacé à Anvers dimanche dernier pour le 50e anniversaire de la communauté. Prélat influent de la Curie romaine, il est président de l’Académie pontificale de la vie ; grand chancelier de l’Institut pontifical Jean-Paul II d’études sur le mariage et la famille, Mgr Paglia revient sur la canonisation de l’archevêque-martyr salvadorien Óscar Romero, cause dont il est le postulateur.
Début mars, le pape François a approuvé le décret autorisant la canonisation de Mgr Oscar Romero, "symbole d’une Eglise rempart des opprimés", assassiné en 1980 par les "escadrons de la mort", en pleine guerre civile au Salvador. L’annonce de la canonisation de cette icône de l’Eglise latino-américaine était particulièrement attendue. L’évêque salvadorien, défenseur des paysans sans terre, fut tué en pleine messe en 1980, dans un pays alors sous dictature militaire et ravagé par la violence. Mais, le lieu de cette canonisation n'a pas encore été défini. Or, l’actuel archevêque de San Salvador, Mgr José Luis Escobar Alas, a relancé l’idée de canoniser Mgr Óscar Romero à San Salvador en janvier 2019, notamment parce qu'à ce moment, le pape François sera présent à Panama pour le Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ). Mais, au cours de sa visite en Belgique à l'occasion du cinquantenaire de la Communauté Sant'Egidio, Mgr Vincenzo Paglia, postulateur pour cette canonisation, a précisé: « A ma connaissance, la décision où sera canonisé Mgr Romero n’est pas encore prise ».
Estimant que cette canonisation est "une très bonne nouvelle", Mgr Paglia a rappelé que la démarche fut longue et difficile, dans la mesure où Óscar Romero était souvent associé au communisme ou à la théologie de la libération. "Or, il n’était ni un homme politique ni adepte de la théologie de la libération. Il était avant tout un pasteur tel que le prescrit l’ecclésiologie du Concile Vatican II" a jouté le prélat, précisant que Mgr Romero s’est approprié la notion de "l’Eglise-Mère de tous, avec une option prioritaire pour les pauvres".
Mgr Paglia a aussi souligné que quelques semaines après sa nomination comme archevêque de San Salvador, un ami personnel de Mgr Romero, le Père jésuite Rutilio Grande, avait été assassiné. « A Rome, Mgr Romero a montré des photos du corps assassiné au pape Paul VI, qui, les bénissant, a eu ces paroles: "Comme archevêque, tu es le pasteur de ton peuple et tu as la responsabilité d’aider et aimer ton peuple jusqu’à la fin.
Et le postulateur pour la canonisation d'Osacr Romero de préciser: « Peut-être que l’Esprit Saint attendait un pape d’Amérique latine pour béatifier et le canoniser". Pour l'évêque italien, "une canonisation en Amérique latine pourrait être symbolique". Par ailleurs, la canonisation de Mgr Romero en même temps que le Bienheureux Paul VI, au cours du synode d’octobre, "serait un signe très fort". Et de conclure en précisant que "Mgr Romero sera en tous cas canonisé encore cette année ou au plus tard début 2019."
Rappelons que le consistoire présidé le 19 mai 2018 par le pape François portera sur les causes en canonisation des bienheureux Paul VI et Mgr Oscar Romero,. Seront aussi approuvées les causes en canonisation de deux prêtres et de deux religieuses.
B.Lo.
Lire l'interview complète de Mgr Paglia dans l'hebdomadaire Dimanche daté du 13 mai.