Demain 10 mai, jour de la Fête de l’Ascension, le pape François se rendra en Toscane à Loppiano (photo) pour visiter la première des cités-pilotes du mouvement des Focolari.
Le pape François sera accueilli par la présidente du Mouvement des Focolari, Maria Voce, et par Mgr Meini, évêque du lieu. Lorsqu’elle apprit cette visite inattendue, Maria Voce a déclaré que « c’est un grand honneur pour le Mouvement des Focolari d’accueillir un pape dans une de nos cités-pilotes, mais cela nous pousse surtout à intensifier notre engagement à vivre l’amour et l’unité enracinés dans l’Evangile. C’est ce souffle d’Evangile vécu que nous voudrions que le Pape trouve en arrivant à Loppiano. »
Après un moment de prière dans le sanctuaire Maria Theotokos, le pape rencontrera la communauté de la cité-pilote sur le parvis de l’église.
Les cités-pilotes des Focolari: des portions d’Eglise post-conciliaire
Loppiano, la première des cités-pilotes, est née en 1964 sur les collines toscanes, près de Florence, sur un terrain de 80 hectares. Elle compte actuellement quelque 850 habitants issus de 65 pays répartis sur les cinq continents. Plus de la moitié y résident de façon permanente tandis que les autres participent à l’une des douze écoles internationales qui prévoient un séjour de 6 à 18 mois. La composition internationale de Loppiano en fait un laboratoire de vie entre personnes différentes par l’âge, la condition sociale, la tradition, la culture et l’appartenance religieuse.
Chaque année, la cité-pilote accueille des milliers de visiteurs et est un lieu de rencontre entre les peuples, les cultures et les religions. Au fil des ans, plusieurs activités économiques se sont développées. C’est sur le travail, en effet, que repose l’économie de Loppiano, une économie qui tient compte des besoins de tous et invite chacun à mettre à disposition ses capacités professionnelles et personnelles, dans une pleine communion des biens matériels et spirituels.
L’église Maria Theotokos (photo) a été inaugurée en 2004. Elle est désormais un sanctuaire et abrite aussi une chapelle œcuménique. En 2006, le pôle d’entreprises Lionello Bonfanti a vu le jour. Il abrite actuellement une vingtaine d’entreprises fonctionnant selon les principes de l’économie de communion. Ce pôle est un lieu d’échanges et de projets pour plus de 200 entreprises qui adhèrent en Italie à ce projet. L’idée principale est de conjuguer communion et marché, en impliquant la structure de base de l’économie moderne qu’est l’entreprise, et en suscitant le partage des bénéfices en faveur des personnes vivant aux « périphéries » de notre planète. Sept pôles d’entreprises de l’économie de Communion sont nés dans le monde, dont un en Belgique, à Rotselaar.
La dernière réalisation en date de Loppiano est l’Institut Universitaire Sophia, reconnu par la Congrégation pour l’Education Catholique du Vatican en 2008. C’est un laboratoire d’étude et de vie caractérisé par une forte inter- et transdisciplinarité. Selon Piero Coda, recteur de l’institut, les étudiants qui l’ont fréquenté ont acquis « les instruments pour interpréter la réalité contemporaine et agir comme protagonistes dans un monde complexe et pluriel, qui a besoin de personnes capables de dialogue ». Le nouveau centre de recherche, de formation et de dialogue, Sophia Global Studies, est un lieu où se conjuguent la sagesse chrétienne et la recherche humaine du savoir.
Des maquettes d’un monde uni
De nombreux initiateurs de courants philosophiques, idéologiques ou spirituels, ont rêvé de façonner une ville-modèle, qui reflète leur vision du vivre ensemble. Chiara Lubich, fondatrice des Focolari, s’insère dans cette tradition. En visitant l’abbaye helvétique d’Einsiedeln en 1962, elle eut l’intuition que naîtraient dans le monde de petites cités, avec des maisons, des écoles, des entreprises où serait vécu l’amour évangélique à l’image de la Jérusalem céleste, demeure de Dieu parmi les hommes.
Bon nombre d’auteurs ont décrit la cité idéale. De Thomas More qui en 1516 publie Utopia pour dénoncer la société injuste de son temps, à La Pira, maire de Florence, qui en 1955 affirme dans un discours intitulé « Pour la rédemption des villes du monde entier », que chaque ville est une « ville sur la montagne, un candélabre destiné à illuminer le cours de l’histoire ». Et encore, « ce ne sont pas des accumulations occasionnelles de pierres : ce sont là de mystérieuses habitations d’êtres humains et plus encore, de mystérieuses habitations de Dieu ».
Chiara Lubich compare les cités-pilotes Focolari à des « plans inclinés vers ceux que le doute, l’incertitude et l’absence d’avenir tenaillent. Elles transmettent l’espérance et la sécurité. Les cités-pilotes désarment celui qui est tenté par l’usage de la violence parce qu’elles démontrent, ne fût-ce que par la diversité de leurs habitants, que c’est la douceur, fruit de l’amour, qui conquiert le monde… »
La Mariapolis Vita, cité-pilote de la Belgique
Près de Louvain, à Rotselaar, est née la Mariapolis Vita dans les années 90. Elle compte une soixantaine d’habitants. Une oasis spirituelle où l’on peut faire halte, aller à l’essentiel, (re)trouver le rapport à Dieu et au frère. Un laboratoire d’une culture du dialogue.
A une demi-heure de Bruxelles, le domaine boisé du Middelberg était destiné à l’origine à accueillir des enfants et jeunes de la capitale pour se refaire corps et âme. Dans ce but, le professeur P. Bouts (1900-1999), prêtre spécialisé en sciences naturelles et nutrition, avait fait construire le Centre St Paul. En 1989 il mit son domaine à la disposition du mouvement des Focolari, pour donner une continuité à son œuvre. Le projet fut encouragé dès le début par le Cardinal Danneels.
Bien vite des familles, des focolarini (des hommes et des femmes consacrés à Dieu et vivant dans de petites communautés appelées les focolares), des prêtres et des jeunes se lancent dans l’aventure et viennent y vivre 24 h sur 24 la spiritualité de l’unité du Mouvement. Les habitations s’insèrent dans le quartier résidentiel. La fraternité vécue au sein de cette nouvelle communauté chrétienne en fait un lieu de vie et de ressourcement ouvert à tous, chrétiens ou non.
Ainsi, le Centre Saint Paul accueille chaque année plusieurs milliers d’enfants et de jeunes pour des classes vertes, des retraites, des séjours de vacances. Fondé en 2003, le pôle d’activités Solidar accueille désormais sept entreprises de l’économie de communion. Il est en contact avec 15 entreprises belges partageant le même esprit. La Mariapolis Vita doit son nom à Vitaliano Bulletti (1929-1979), cofondateur du Mouvement en Belgique.
La Mariapolis annuelle
Depuis une cinquantaine d’années, les Mariapolis sont des rendez-vous inconditionnels dans l’agenda des Focolari. Petits et grands, de tout horizon et de toute culture, de conviction religieuse ou simplement à la recherche d’un ‘plus’, se retrouvent pendant plusieurs jours pour faire une authentique expérience de fraternité. Une occasion de reprendre souffle après le tourbillon de l’année, de s’entraîner à vivre des relations authentiques, de se recentrer sur « l’Essentiel ».
CP/JJD