A contre-courant des messages négatifs véhiculés par les médias, le documentaire Cérès suit quatre très jeunes futurs agriculteurs fiers de leurs valeurs. Ils se confient sur leur envie de reprendre un jour la ferme familiale malgré les difficultés du métier.
On parle souvent de l’agriculture à travers les mauvaises nouvelles: hausse du prix du lait, crise de la viande… quand ce n’est pas le taux de suicide. On oublie pourtant que le travail de la terre est porté par des passionnés, qu’il se transmet de génération en génération et qu’il véhicule des valeurs fortes. C’est le message que transmet ici Janet van den Brand, jeune réalisatrice d’origine néerlandaise résidant à Bruxelles. Elle a suivi durant un an et demi quatre jeunes, ou plutôt même très jeunes agriculteurs, d’une dizaine d’années. Après l’école, Koen, Sven, Daan et Jeanine passent leur temps dans la ferme familiale, quelque part au sud-ouest des Pays-Bas. Un jour, ils reprendront l’activité de leurs parents. Pas par obligation mais par conviction. On découvre ainsi un père qui apprend à son fils à couper la tête d’une poule, un enfant qui aide à donner naissance à un veau ou une jeune fille qui pousse des moutons dans une camionnette. Ces situations a priori banales semblent en décalage par rapport aux préoccupations du monde moderne. Entre ces bouts de vie, les jeunes se confient face caméra. « Je préfère parler à des animaux qu’à des humains car certains ont des réactions stupides », affirme avec un certain aplomb un des jeunes fermiers.
« Pour réaliser ce documentaire, nous avons choisi d’être le plus proche des enfants, en restant parfois longtemps avec eux sans filmer », évoque la réalisatrice Janet van den Brand. « Au fur et à mesure du tournage, le film a pris une dimension de plus en plus organique, proche de la terre. »
Bientôt en DVD
Visuellement très abouti, Cérès évoque subtilement des thématiques du monde agricole: les changements de saison, les caprices du temps, la relation avec les animaux, le besoin constant de transmission et bien évidemment les problèmes de rendement. Les quatre agriculteurs en herbe ne sont pas logés à la même enseigne. Certains fermiers cultivent la pomme de terre, d’autres élèvent du bétail et d’autres s’occupent d’un verger. Mais tous ont la même inquiétude sur l’avenir du métier. « J’aimerais parfois être fermier en Australie, en Nouvelle-Zélande ou au Canada car là-bas, il n’y a pas de règles, en tout cas pas autant qu’en Belgique », évoque avec une certaine clairvoyance un des enfants. La réalisatrice laisse parler les images et les jeunes agriculteurs sans prendre parti.
Présenté dans différents festivals de documentaires, Cérès (nom de la déesse de l’agriculture) sera probablement peu mis en avant dans les médias cette semaine, à cause d’autres sorties cinéma plus grand public. Le film est à l’affiche dans différentes salles en Flandre mais sera seulement programmé à Bruxelles pour la partie francophone. Le public wallon devra donc attendre le DVD!
Géry BRUSSELMANS
Au cinéma Aventure (dans les Galeries du Centre, 15 rue des Fripiers Bruxelles).