Céleste et Sihem, deux jeunes accrocs à la drogue, entrent au même moment dans un centre de désintoxication… La fête est finie, premier film de la jeune réalisatrice Marie Garel-Weiss, étonne par son réalisme et son aplomb.
On peut parler de la drogue de multiples façons. La fête est finie l’évoque de manière sincère et touchante. Céleste, jeune femme d’environ 25 ans, débarque dans un centre de désintoxication. Son quotidien sobre, ponctué de thérapies de groupes et de repas au calme, ne l’enchante guère. Heureusement qu’elle rencontre Sihem, une jeune femme du même âge avec qui elle décide de faire les 400 coups. Leurs frasques déstabilisent à tel point l’équilibre du centre qu’elles sont renvoyées. Qu’à cela ne tienne, Céleste et Sihem décident de cohabiter dans un appartement pour reprendre pied dans la vie réelle…
Marie Garel-Weiss, la jeune réalisatrice française qui met en scène ce premier long-métrage, évoque la thématique de l’addiction à travers une histoire d’amitié intense. « De par son âge et son passé, Sihem pourrait être une grande sœur ou une mère de substitution pour Céleste », évoque la réalisatrice. « Les places ne sont toutefois jamais aussi clairement définies, tout est toujours en mouvement. » Céleste, au tempérament plus sauvage, ne bénéficie pas du même soutien extérieur que Sihem, issue d’une famille nombreuse plutôt instruite et poussée à s’en sortir en dénichant un travail… Pour ancrer son film dans la réalité, Marie Garel-Weiss part d’un contexte réel et décline une mise en scène sobre, sans excès de maquillage et de lumière.
Thérapie de groupe
La réalisatrice a pris comme point de départ un centre spécialisé dans les thérapies de groupe, centre qui aurait d’ailleurs aidé la réalisatrice dans son parcours personnel. « Je me suis inspirée du centre APTE (Aide et Prévention des Toxico-dépendances par l’Entraide, NDLR), ouvert notamment par Kate Barry (NDLR: la fille aînée de Jane Birkin, décédée en 2013) », explique la jeune réalisatrice. « Cet endroit m’a sauvé la vie à un moment très critique. Il privilégie la thérapie de groupe, l’identification entre patients, l’entraide, peu importe l’addiction et l’histoire. » Le parcours des deux jeunes femmes, du centre de désintoxication à l’installation en appartement, balaye d’autres sujets qui entourent l’addiction: les liens familiaux tendus, la difficulté de réinsertion, le soutien mutuel ou encore la rédemption. La réalisatrice ne livre d’ailleurs pas de point de vue et donne volontairement peu d’informations (on ne sait pas comment les deux jeunes femmes ont plongé dans la drogue) pour que le spectateur se fasse sa propre opinion. Au-delà du scénario, la réussite de La fête est finie tient dans le tandem d’actrices brillant de sincérité et de naturel. Clémence Boisnard, qui incarne Céleste, a été repérée dans une boîte de nuit par la directrice de casting alors que Zita Hanrot (Sihem) a obtenu en 2016 le César du Meilleur Espoir féminin pour le film Fatima. Ce petit film, qu’il faudra donc découvrir dans de petits réseaux de salles de cinéma, suscitera très certainement des discussions après la séance.
Géry BRUSSELMANS