Ce jeudi 17 mai, sept élus locaux issus des principales formations francophones se sont rassemblés au CNCD-11.11.11 pour expliquer pourquoi leur commune s’est engagée à être « hospitalière » envers les personnes migrantes, grâce à l’adoption d’une motion, et comment ils traduisent cet engagement.
En Belgique et plus largement en Europe, les migrations représentent une solution plus qu’un problème, c’est ce qu’a encore démontré Myria, le centre fédéral des migrations, dans son dernier rapport. Aussi, les migrations constituent une réelle clé de développement tant pour le pays d’origine des migrants que pour le pays d’accueil, à condition que cet accueil soit envisagé de manière positive et constructive.
Cette approche nécessite un changement de cap. C’est pour cela qu’a été lancée la campagne « Commune hospitalière » en septembre 2017 par le CNCD-11.11.11 et les organisations membres de la plateforme Justice migratoire. Elle poursuit un double objectif : proposer un levier d’action au citoyen et demander aux communes de s’engager concrètement à travers le vote d’une motion.
Ce jeudi matin, sept élus locaux issus des principales formations francophones (MR, PS, Ecolo, DéFI, cdH), des bourgmestres, échevins et conseillers communaux, se sont retrouvés au CNCD-11.11.11 pour expliquer pourquoi leur commune s’est engagée à être « hospitalière » envers les personnes migrantes, grâce à l’adoption d’une motion, et comment ils traduisent cet engagement.
Etre une « Commune hospitalière », ça veut dire quoi ?
Une commune hospitalière, s’engage à travers une motion, sur trois points fondamentaux. Premièrement, sensibiliser la population sur les migrations et l’accueil de l’autre, ensuite améliorer l’accueil et le séjour des migrants dans le respect des droits humains et enfin montrer sa solidarité envers les communes européennes et les pays confrontés à un accueil de nombreux migrants.
Dans chaque volet, des engagements précis ont été détaillés. Ils vont de la sensibilisation à l’école à l’égalité des tarifs entre citoyens belges et étrangers lors de la délivrance de documents, en passant par la formation du personnel communal, l’accès à l’aide médicale urgente, la police locale, etc.
A partir de janvier, le mouvement a pris un nouveau tournant avec la mobilisation contre l’avant-projet de loi sur les visites domiciliaires. La dynamique est devenue double : les citoyens demandent de voter contre l’avant-projet de loi et de s’engager pour devenir une « Commune hospitalière ».
Une commune sur trois engagée
Depuis le lancement de l’action en septembre 2017, le réseau des communes hospitalières a rapidement pris de l’ampleur : en l’espace de neuf mois, 54 communes ont pris position en faveur de l’hospitalité à travers le vote d’une motion (44 en Wallonie, 10 à Bruxelles), 7 sont en passe d’être adoptées, 10 interpellations sont en cours. C’est le résultat du travail réalisé par 92 comités de citoyens sur 281 communes en Fédération Wallonie-Bruxelles, soit, dans une commune sur trois.
Cette campagne en faveur d’un accueil positif des migrations s’est étendue à d’autres entités avec le lancement, le 1er mars 2018, de la campagne « Université, une Haute École et une École supérieure des Arts hospitalière ». Là encore, les établissements s’engagent, en votant une motion, à respecter quatre types d’engagements : faciliter l’accès aux études, sensibiliser la communauté étudiante, etc.
Le 21 mars, la commission des Affaires générales du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a approuvé un projet de résolution visant à déclarer la Fédération Wallonie-Bruxelles « entité hospitalière » envers les migrants et demandeurs d’asile. Le texte demande au gouvernement de la Fédération de permettre aux migrants un accès accru aux institutions culturelles et éducatives, tout en veillant à préserver l’inviolabilité de ces lieux vis-à-vis des forces de police, en réponse à l’arrestation de sans-papiers dans les locaux de l’association culturelle Globe Aroma, en février dernier.
Enfin, le 3 mai a donné le coup d’envoi de la campagne « Europe hospitalière » en Belgique. Son objectif est de récolter au minimum un million de signatures en un an dans au moins sept Etats membres de l’Union européenne, ce qui contraindra la Commission a examiné trois revendications au cœur de cette pétition, une Initiative citoyenne européenne, un outil participatif créé en 2012. L’une de ces revendications est de mettre fin au « délit de solidarité », en vigueur dans certains pays.
CP