Une expo itinérante est actuellement accessible au Parlement Européen pour dénoncer le plastique jeté dans les océans. Des scientifiques qui ont coopéré avec le film de la BBC Blue Planet II ont profité de l’occasion pour dénoncer les 8 millions de tonnes déversées chaque année dans les mers de la planète. Le mouvement plastic-free est en marche !
On entend beaucoup parler ces derniers temps du « septième continent », celui constitué de tous nos déchets plastiques flottant sur l’eau des océans, emportés par les courants et formant une véritable nappe en certains endroits. Effrayant? Oui. Surtout quand on sait aussi que la faune (et la flore) marine en souffre directement. Qui n’a jamais vu d’images d’oiseaux ou de tortues piégés par des détritus plastiques, causant parfois des lésions mortelles, quand ils ne sont pas tout simplement ingérés? En tant que consommateurs, nous sommes également touchés par ce phénomène. En septembre 2017, une étude conduite par l’Orb Media mettait notamment en garde contre l’eau du robinet, contaminé à 80% par des déchets plastiques. Face à cette situation dramatique, ni pessimisme ni défaitisme ne sont permis. A la suite de l’invitation du pape François dans son encyclique Laudato si, œuvrons pour préserver « notre maison commune » et agissons!
Plastic attack
Début du mois d’avril, le supermarché Delhaize situé sur le boulevard Anspach à Bruxelles était la cible d’une attaque inédite et surprenante appelée « Plastic Attack « . L’événement visait à sensibiliser les chaînes de supermarché et le public à l’abus d’emballages plastiques des aliments. Les dizaines de participants ont fait leur course et une fois passé à la caisse, ils étaient invités à retirer tous les emballages plastiques superflus avant de quitter le magasin.
Cette initiative citoyenne née en Grande-Bretagne veut donc dénoncer la production de déchets plastiques trop importante par le surplus totalement inutile des emballages alimentaires. Et demander aux distributeurs de faire des efforts. Les participants bruxellois ont donc joué le jeu et laissé tous les emballages dans une benne à l’entrée du magasin sous l’œil parfois interloqué des passants. Cette action s’est déroulée avec la collaboration de la chaîne belge qui affirme recycler « 75 % du plastique qui résulte de nos activités dans les magasins » et « avoir enlevé le plastique de nos produits bio aussi. »
D’autres Plastic Attack sont déjà prévues dans d’autres grandes villes du pays, notamment Gand et Anvers.
Tolérance zéro
Depuis fin février, les consommateurs peuvent visiter le premier magasin sur le sol européen qui propose un rayon zéro-plastique de plus de 700 produits différents: fruits et légumes mais aussi viande, riz, sauces, produits laitiers, chocolat, céréales, … Le projet a été lancé aux Pays-Bas par le groupe environnemental « A Plastic Planet » en collaboration avec la chaîne de supermarchés néerlandaise bio Ekoplaza. Avant la fin de l’année, Ekoplaza prévoit d’instaurer cette nouvelle initiative dans chacun de ses 74 magasins. Si les produits de ce rayon sans plastique ne sont pas laissés « à nu », leur emballage est fabriqué à partir de matériaux bio compostables et d’autres comme le verre, le métal ou le carton. Plusieurs membres de l’association sont actuellement en pourparlers avec les grands supermarchés britanniques pour étendre cette initiative néerlandaise vers d’autres pays d’Europe. Des négociations qui s’avèrent pour le moment sans succès, car aucune chaîne de magasins ne s’est encore engagée dans la voie du « zéro plastique ».
Et le gaspillage alimentaire ?
Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, une entreprise américaine Wasteless propose un système révolutionnaire qui surveille les rayons et modifie en temps réel les prix, en fonction de la demande.
C’est l’entreprise elle-même qui décide d’ajuster ses prix en fonction de la demande des produits. Si la demande est forte, les denrées coûteront plus cher. Mais si les clients se désintéressent de l’une ou l’autre, son prix baissera : moins cher, le produit en question filerra plus vite et le supermarché apprendra la leçon en limitant ses stocks à l’avenir.
Ce principe, appliqué ici à la lutte contre le gaspillage, a un nom : c’est le « yield management », une tarification en temps réel qui permet habituellement d’optimiser ses profits. La technique a été popularisée dans les années 50, pour la vente des billets d’avion. Les compagnies aériennes faisaient fluctuer les prix des billets en fonction de la demande. Mais Wasteless tente aujourd’hui d’appliquer la technique aux supermarchés, où le gaspillage est toujours trop présent.
Avec ce système, plus le produit approche de sa date d’expiration, moins il est cher : une aubaine pour le consommateur, qui ne doit plus traquer les réductions ponctuelles et participe à équilibrer les stocks de son supermarché. Pour ce faire, le système américain combine 43 critères différents, de la demande à l’emplacement, en passant par les jours fériés, pour décider d’un prix avantageux tant pour les clients que pour l’entreprise.
Une solution intéressante sachant que 1,3 milliard de tonnes de denrées comestibles sont jetées chaque année. En Belgique, certaines villes ont « interdit » le gaspillage dans les supermarchés et obligent les chaines de supermarché à donner leurs invendus aux associations d’aide alimentaire.
Agir au quotidien: Zero Waste Belgium
Sophie Delhalle