Le sommet inter-coréen relance les espoirs de paix


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Le sommet inter-coréen relance les espoirs de paix
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
5 min

Ce vendredi 27 avril, un sommet historique aura lieu entre les dirigeants nord et sud-coréens. Une lueur d'espoir de paix, après des mois de musculation verbale, de menaces et de tensions. Un sommet applaudi par le pape François et les représentants des Eglises de Corée du Sud.

Depuis les Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang en Corée du sud, les deux pays connaissent un réchauffement spectaculaire. Ces derniers jours, le leader nord-coréen Kim-Jong Un a annoncé les deux leaders Kim Jong-Un et Moon Jae-In, se rencontreront vendredi 27 avril sur le sol de la Corée du Sud, dans la zone démilitarisée, à « la maison de la paix ». Si cette entrevue est la troisième du genre, elle est néanmoins historique puisque c'est la première fois que Kim Jong-Un se rend en Corée du Sud. Précisons que cet rencontre a lieu après deux ans d’escalades dues aux programmes balistique et nucléaire de la Corée du Nord avec, en toile de fond, les échanges virulents entre Donald Trump et Kim Jong-Un.

Au cours des derniers jours, les dirigeants des deux pays ont aussi multiplié les gestes d'apaisement. Le week-end dernier, la Corée du Nord a annoncé qu'elle mettait fin à ses essais nucléaires ou tirs de missiles à longue portée. Une annonce que le président sud-coréen Moon Jae-in a salué comme "une décision importante dans le sens de la dénucléarisation totale de la péninsule coréenne".

En retour, la Corée du sud a fait taire dès lundi, les haut-parleurs géants qui diffusent depuis des années, à grands renforts de décibels, des messages de propagande aux soldats nord-coréens déployés à la frontière.

De son côté, la Corée du Sud met au point les tous derniers préparatifs sécuritaires et protocolaires avant le sommet historique. Les deux leaders devraient notamment discuter d’un potentiel programme de dénucléarisation et de la future rencontre du leader nord-coréen avec le président américain Donald Trump, dont la date n'a pas encore été fixée. EN attendant, le sommet de vendredi entre Kim Jong-un et le président de la Corée du sud Moon Jae-in, est déjà riche en symboles. Ainsi, lors du dîner, Kim Jong-Un se verra offrir du « rösti », un plat suisse, clin d’œil à ses jeunes années passées dans la Confédération helvétique. Les deux dirigeants dégusteront aussi des nouilles froides de Pyongyang, ainsi qu’un dessert ayant la forme d’une péninsule réunifiée. Ils devraient aussi planter ensemble un pin, dans des terres venues de célèbres montagnes du Nord et du Sud. L’arbre sera arrosé par l'eau provenant des fleuves qui traversent les deux capitales coréennes.

Soutien du pape et des leaders religieux coréens

Inutile de préciser que les attentes de ce qu'on qualifie déjà de "rencontre de la paix ", sont immenses. Le pape François, à l’issue de sa traditionnelle audience générale du mercredi sur la place Saint-Pierre, a assuré le soutien du Saint-Siège à «ce dialogue transparent». François a estimé que «cette rencontre sera l’occasion d'engager un dialogue transparent et un chemin concret de réconciliation et de fraternité retrouvée, afin de garantir la paix dans la péninsule coréenne et dans le monde entier". Le souverain pontife avait déjà salué en son temps le réchauffement diplomatique entre les deux pays lors de la participation de la Corée du Nord aux Jeux Olympiques d'hiver de Pyeongchang, en février dernier. Il a assuré sa prière personnelle et la proximité de toute l'Eglise au peuple coréen, «qui désire ardemment la paix», selon ses mots, et encouragé ainsi «toutes les initiatives utiles et sincères pour construire un avenir meilleur, au nom de la rencontre et de l'amitié entre les peuples». François demande à ceux qui ont des responsabilités politiques directes «d'avoir le courage de l'espérance en devenant des artisans de la paix».

De leur côté, des leaders des sept grandes religions du Corée du sud ont lancé un appel commun lancé dans un communiqué. «La péninsule coréenne, autrefois arène de rivalité entre les superpuissances peut être transformée en une terre de paix et de dialogue», écrivent-ils au nom de la Conférence coréenne des religions pour la paix (KCRP), à la pointe des démarches pacificatrices entre les deux Corée depuis quelques années déjà. Cette déclaration forte de coopération interreligieuse de la KCRP a été signée de la main de son président, Mgr Kim Hee-joong, mais aussi du révérend Lee Hong-jung, secrétaire général du Conseil national des Eglises de Corée, du bouddhiste Seol Jeong, du révérend Han Eun-sook pour le Won Bouddhisme, de Kim Young-geun pour le confucianisme, de Lee Jung-hee pour le cheondoïsme, et enfin par Park Woo-gyun de l’association des religions autochtones coréennes.

Prélude à un possible traité de paix?

La rencontre tant attendue est perçue comme une chance de pouvoir aborder la question d'un traité de paix pour mettre formellement un terme à la Guerre de 1950-1953. Car officiellement, il existe un cessez-le-feu, mais pas de traité de paix mettant fin au conflit qui oppose depuis plus de 70 ans les deux Corée. En effet, jamais de telles conditions de dialogue n’avaient été réunies.

Mais, malgré la détente amorcée entre les deux pays de la péninsule coréenne depuis le début de l'année, le président américain Donald Trump a mis en garde contre tout excès d'optimisme. Il n'empêche, la réconciliation sera peut-être encore longue, mais le sommet de vendredi relance indéniablement les espoirs de paix.

J.J.D.


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