Le pape François a ressenti «douleur et honte» en prenant connaissance des témoignages des victimes d’abus sexuels commis par des prêtres chiliens. C’est ce qu’il a écrit dans une lettre aux évêques du Chili. Ce texte fait suite à l’enquête menée par Mgr Scicluna, mandaté par François pour réunir des informations sur les dénonciations contre l’évêque d’Osorno, Mgr Juan Barros, accusé d’avoir couvert le père Fernando Karadima.
L’enquête de Mgr Charles Scicluna, archevêque de Malte, sur les dénonciations contre l’évêque d’Osorno, Mgr Juan Barros, accusé d’avoir couvert les abus sexuels commis par Fernando Karadima, condamné par l’Eglise pour pédophilie en 2011, a donc porté ses fruits. Dans une lettre rendue publique mercredi 11 avril en soirée, le pape François affirme que «tous les témoignages recueillis parlent d’eux-mêmes d’une manière dure, sans additifs ni édulcorants, des nombreuses vies crucifiées et j’avoue que cela me cause de la douleur et de la honte». Si le nom de Mgr Barros n’est pas cité dans ce mea culpa, le Saint-Père reconnaît avoir lui-même commis «de graves erreurs dans l’évaluation et la perception de la situation». François impute son erreur d’appréciation à un «manque d’information fiable et équilibrée».
Les 32 évêques chiliens, à qui la missive est adressée, seront convoqués à Rome dans les prochaines semaines pour recevoir du souverain pontife les conclusions de l’enquête de 2.300 pages menée par Mgr Scicluna et par le père Jordi Bertomeu Farnos, membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) . Les deux envoyés spéciaux y ont regroupé 64 témoignages, après des audiences tenues à New York et Santiago du Chili en février dernier.
Le pape demande pardon
L’affaire Barros avait refait surface à l’occasion du voyage du pape François au Chili, du 15 au 18 janvier derniers. Au cours de ce déplacement, le souverain pontife avait pris la défense de Mgr Barros. Interpellé par des journalistes sur place, le Saint-Père avait déclaré à propos des accusations contre l’évêque d’Osorno : «le jour où ils m’apportent la preuve sur l’évêque Barros, alors je parlerai» en précisant alors qu’il «n’y a pas une seule preuve contre lui, tout est de la calomnie».
François revient donc sur ses propos, et demande pardon à tous ceux qu’il avait pu offenser. «J’espère pouvoir le faire personnellement, dans les semaines à venir, dans les réunions que j’aurai avec les représentants des personnes interrogées», ajoute le pape qui a notamment invité à Rome James Hamilton, Juan Carlos Cruz et José Andrés Murillo, les trois accusateurs de Mgr Juan Barros.
D’après Vatican News (Joris Bolomey)