Lors de l’ouverture du pré-synode des jeunes, en présence de pape François, notre compatriote s’est penchée sur le rapport des jeunes à l’Eglise.
Annelien Boone (photo), directrice de l’IJD, Jongerenpastoraal Vlaanderen, était l’un des cinq orateurs lors de la session d’ouverture du pré-synode, lundi 19 mars à Rome. Dans son allocution, elle a d’abord dressé un portrait des attentes de la jeunesse euroépenne, sur la base de l’enquête « Génération Quoi? », ce projet collaboratif entre 12 diffuseurs européens d’audiovisuel public qui permet aux jeunes entre 18 et 34 ans de faire un autoportrait de leur génération. Rappelant que plus d’un million de jeunes de 35 pays ont participé à cette étude, Annelien Boone a précisé que les thèmes, les difficultés et les désirs que les jeunes Européens éprouvent, sont très clairs. Elle a ensuite détaillé quelques thèmes donnant une idée de ce que sont les jeunes d’Europe de l’Ouest aujourd’hui.
Pour l’oratrice belge, l’étude montre que les jeunes ont une vision plutôt positive de l’avenir. Avec toutefois des nuances: « seuls 6% d’entre eux semble être très optimistes quant à l’avenir. Néanmoins la même constatation vaut pour l’attitude inverse: moins de 5% semble être très pessimiste quant à l’avenir ». De même « les jeunes sont très tolérants. Trois jeunes sur quatre voient l’immigration comme un enrichissement culturel ». Et de préciser que beaucoup ont des amis d’une autre origine sociale, éducative ou d’une orientation sexuelle différente de la leur. Un bémol toutefois: l’enquête précise que peu de jeunes ont des amis d’une autre religion, d’un autre contexte ethnique ou culturel.
Vivre heureux sans la religion
« Une majorité écrasante croit que le succès dans la vie est principalement déterminé par le sentiment d’être heureux, moins par le travail, l’argent ou la famille. Plus de 9 participants sur 10 indiquent que leurs parents les soutiennent dans leurs décisions et sont fiers d’eux », a poursuivi Annelien Boone, précisant que la majorité a clairement une très bonne relation avec leurs parents. Sur le plan sociétal, en revanche, l’étude montre que la jeunesse de 18 à 34 ans a peu de confiance dans les institutions. C’est particulièrement le cas envers les institutions religieuses (49%), mais aussi vis-à-vis de la politique, des médias, des syndicats, de l’Europe et de la justice. Leur confiance est plus grande envers l’école et la police. Ils trouvent majoritairement que l’armée et les organisations humanitaires sont des institutions à qui ils peuvent avoir confiance.
A la question de savoir si on peut être heureux sans conviction religieuse, 94% des jeunes répondent « oui ». « Les relations, les enfants, l’amour, le sexe sont en tout cas beaucoup plus décisifs pour le bonheur des personnes interrogées que la conviction religieuse. En outre, une enquête belge démontre que moins de 2% de la population belge plus jeune de 34 ans participe à une célébration eucharistique plusieurs fois par mois », a encore souligné notre compatriote.
Rappelant ensuite qu’autrefois presque toutes les institutions en Belgique étaient catholiques et que le christianisme faisait partie de notre culture, Annelien Boone a mis en évidence du processus de laïcisation de notre société. « Tous les thèmes qui ont été discutés dans le passé – l’amour, le bonheur, les relations, le travail, … – font partie du débat public, mais sans mentionner ou impliquer Dieu ou la dimension religieuse. On a appris à vivre et à être heureux sans Dieu. » Elle a ajouté que les jeunes d’aujourd’hui ne grandissent plus avec l’Eglise. Mais elle voit dans ce contexte de nouvelles opportunités. « Les jeunes sont très ouverts sur la foi, ils la regardent avec un regard neuf et une grande réceptivité, mais ils en savent peu. Ce qui ne signifie pas qu’ils n’ont pas de préjugés à l’égard de l’Eglise. Ils voient l’Eglise comme une autorité dépassée ». L’oratrice belge a précisé que ce n’est que lorsqu’ils peuvent acquérir des expériences concrètes et positives dans l’Eglise que cette image peut être ajustée. « La foi de Dieu est étrange pour eux (…), le défi consiste à faire découvrir quelque chose, à faire en sorte que la foi chrétienne puisse les surprendre! »
« Ces jeunes ont besoin d’un guide, qui leur sert de boussole, pour les aider à choisir face à la profusion des choix auxquels ils sont confrontés aujourd’hui. C’est en écoutant ces jeunes, en les accompagnant, en leur donnant des signaux directionnels, qu’ils peuvent avoir des expériences joyeuses, qu’ils peuvent rencontrer Christ », a encore déclaré la directrice de l’IJD. Pour elle, il est important de former des communautés chrétiennes, où les jeunes peuvent aussi se sentir bienvenus. Citant le cardinal Jozef De Kesel, Annelien Boone a indiqué: « Nous traversons une période désertique. Mais les jeunes sont à la recherche, et notre société laïque les laisse sur leur faim. L’homme ne doit pas être nécessairement chrétien, mais c’est un être religieux. (…) Dans ce sens, je pense qu’il est important qu’il y ait des chrétiens qui témoignent de leur foi et qui soient prêts à accompagner les jeunes et à les guider ».
En conclusion de son allocution Annelien Boone a estimé qu’il est important que l’Eglise offre des expériences aux jeunes, telles que les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), les pèlerinages, des endroits comme Taizé, comme Lourdes, … « Ce sont des ‘moments de conversion’ pour de nombreux jeunes, parce qu’ils font l’expérience, qu’il y a Quelqu’un qui les accompagne ».
J.J.D.
Retrouvez la vidéo de l’intervention Annelien Boone sur la page Facebook du synode 2018