Une coalition catholique de Corée du Sud appelle Tokyo à demander pardon pour avoir réduit des dizaines de milliers de Coréennes en esclavage sexuel, pendant la Deuxième guerre mondiale. Des prêtres coréens et un jésuite japonais ont concélébré une messe, début mars 2018, devant l'ambassade japonaise de Séoul, pour renouveler cette exigence.
Le terme de “femmes de réconfort”, un euphémisme établi par les Japonais, désigne les femmes victimes du système d’esclavage sexuel organisé dans des camps militaires japonais pendant les années 1937-1945. Alors qu’elles pensaient travailler dans des usines, ces femmes, principalement coréennes et très souvent mineures, étaient placées dans des “maisons de confort”, et mises “au service” de l’armée japonaise. Les historiens estiment leur nombre à 200’000. Une quarantaine d’entre elles sont encore vivantes, leur moyenne d’âge étant de 89 ans.
Des dédommagements mais pas d'excuses
Contrairement à l’Allemagne, le Japon n’a jamais présenté d'excuses pour ses crimes de guerre contre ses voisins asiatiques. Il s'agit d'une source constante de problèmes pour des pays comme la Corée du Sud, qui était à l’époque sous la domination coloniale japonaise.
Tokyo et Séoul ont pourtant signé un accord sur “les femmes de réconfort” en décembre 2016. Il prévoit la création par le gouvernement sud-coréen d’une fondation qui a reçu du Japon la somme d’un milliard de yens (7,5 millions d’euros) pour "restaurer l’honneur et la dignité de toutes les anciennes femmes de réconfort". Les deux pays se sont ainsi engagés à ne pas se critiquer ou s’accuser sur cette question. Les associations de défense des femmes de réconfort, en particulier celles liées à l'Eglise catholique, ont immédiatement fustigé cet accord, arguant que ce sont essentiellement les intérêts politiques qui ont été pris en compte.
Tokyo continue de nier
L’Action nationale catholique pour la nullité de "l’accord Corée-Japon sur les femmes de réconfort" a ainsi renouvelé son opposition au texte en célébrant une messe le 1er mars en face de l’ambassade japonaise à Séoul. La coalition catholique a demandé à Tokyo de réparer ses crimes d’une façon juste et équitable, en présentant en particulier des excuses officielles. La messe était présidée par l’abbé Blasio Park Hyun-dong, de l’abbaye bénédictine de Waegwan, accompagné d’autres prêtres dont le père Paul Moon Kyu-hyun et le père jésuite japonais Nakai Jun, rapporte Eglises d'Asie (EdA), l'agence d'information des Missions Etrangères de Paris.
L’abbé Park accuse notamment Tokyo de continuer de nier avoir organisé un véritable programme de recrutement et d’asservissement des femmes, malgré les éléments et les témoignages qui le prouvent.
La coalition a été organisée par les comités diocésains pour la justice et la paix, par des institutions religieuses et par des ONG catholiques. Elle a promis de continuer ses demandes en célébrant des messes devant l'ambassade, chaque 2 mai et 14 août, jours d'hommage aux "femmes de réconfort" en Corée du Sud.
Au terme de son voyage en Corée du Sud en novembre 2014, le pape François a rencontré sept anciennes "femmes de réconfort" dans la cathédrale Myeongdong de Séoul, avant de célébrer la messe pour la réconciliation entre les deux Corées.
Cath.ch (eda/rz)