A l’occasion du jubilé des 50 ans de la communauté Sant’Egidio, le pape s’est rendu samedi 11 mars 2018 à la basilique romaine de Sainte-Marie du Trastevere. Face à un futur « inquiétant, François a conseillé de s’ancrer dans la foi et la Parole de Dieu.
Fondée en 1968 à l’initiative d’Andrea Riccardi, historien et homme politique italien, la communauté Sant’Egidio est née au lendemain du concile Vatican II, dans le quartier romain du Trastevere, de l’autre côté du Tibre. Elle prend le nom d’un ancien carmel romain. L’association rassemble alors des hommes et des femmes, laïcs, qui s’engagent gratuitement pour la paix et l’aide des plus pauvres, portés par l’écoute de l’Evangile et par la prière. Elle a été reconnue par le pape Jean Paul II comme association internationale de fidèles de droit pontifical en 1986.
A partir de 1975, l’œuvre a commencé à s’enraciner dans d’autres villes italiennes et, dans les années 1980, elle s’est propagée en Europe, en Afrique, en Amérique et en Asie. Elle est aujourd’hui présente dans plus de 70 pays du monde, dont la Belgique. Chez nous, la communauté est présente à Bruxelles, Molenbeek, Anvers, Liège, Merksem, Hoboken Malines et Louvain. La communauté offre aussi des repas gratuits à des sans-abri, dans des restaurants sociaux baptisés Kamiano est le nom donné aux restaurants de Sant’Egidio qui fait référence au nom donné par les lépreux au Père Damien, à Molokai.
Très attentive aussi aux personnes âgées, Sant’Egidio a également créé une école de la paix. De jeunes bénévoles accueillent des enfants défavorisés de la ville pour une aide scolaire et pour construire une société de la cohabitation pacifique, au-delà des différences de culture, de religion et de nationalité. Pour aider concrètement les enfants, les jeunes bénévoles se rendent régulièrement au domicile des enfants pour rencontrer et connaître les familles. Cela permet de connaître la situation à l’école. Si nécessaire, un contact peut être pris avec l’école, des professeurs ou d’autres organisations pour aider au mieux chaque enfant.
Par ailleurs, la communauté travaille discrètement dans pour aider à la résolution de certains conflits. Elle est ainsi parvenue à conclure un accord de paix au Mozambique en 1992, mettant fin à un conflit violent de plusieurs années. Cet accord était l’aboutissement de deux ans de médiations menées sous sa conduite. Elle a été active discrètement lors de la médiation l’Eglise en République Démocratique du Congo qui ont permis de conclure les accords de la Saint-Sylestre en décembre 1996, pour organiser des élections démocratiques. Sant’Egidio a d’ailleurs été récompensée par les Nations-Unies pour son rôle qur le plan international. Elle organise aussi chaque années les Rencontres inter-religieuses de la Paix
Monde “habité par la peur“
A l’occasion du jubilé de la communauté, le pape a souhaité que ce soit un anniversaire chrétien. Il a présidé une liturgie de la Parole, avant d’écouter les témoignages d’une retraitée de 80 ans, d’un jeune réfugié syrien, d’une étudiante et d’un médiateur international. “Vous êtes du Christ!“, a-t-il lancé. “C’est le sens profond de votre histoire jusqu’à aujourd’hui, mais c’est surtout la clef pour affronter le futur“. Affirmant également que Sant’Egidio est “fille du concile [Vatican II], de son message et de son esprit“.
Depuis 50 ans, le futur est devenu inquiétant et incertain, a cependant reconnu le pontife. Le monde est “habité par la peur“, de l’étranger notamment – y compris sur le plan politique. L’économie et la communication se sont unifiés, a-t-il encore remarqué, mais il reste encore à construire une “mondialisation de la solidarité et de l’esprit“. Le Saint-Père a alors cité les souffrances du peuple syrien, que les corridors humanitaires promus par Sant’Egidio ont permis d’accueillir en Europe. “Comment est-il possible, a interrogé le pontife, qu’après les tragédies du XXe siècle, on puisse encore tomber dans la même logique absurde?“ Pour François, il s’agit donc d’avoir, avec l’Eglise, une nouvelle audace pour l’Evangile, faite de patience et de mission quotidienne. Celle de “retisser“ le tissu humain des périphéries, de communiquer l’Evangile à travers l’amitié personnelle, de montrer comment une vie devient vraiment humaine “quand elle est vécue aux côtés des plus pauvres“.
La Parole de Dieu protège de l’idéologie
Pour cela, le pontife leur a indiqué la Parole de Dieu: par le passé, elle “vous a protégé de la tentation de l’idéologie“ et de la peur. “Je vous exhorte à aimer et fréquenter toujours plus la Bible“, a-t-il souligné. En elle se trouve la source de la miséricorde envers les plus pauvres, de l’espérance et de la paix. “Soyez toujours du Christ dans la prière, dans le soin de vos frères les plus petits, dans la recherche de la paix. C’est Lui qui est notre paix“, a-t-il ajouté.
Le fondateur de la communauté, Andrea Riccardi, est également intervenu au cours de la cérémonie pour décrire le changement intervenu depuis la fondation de Sant’Egidio en 1968. Avec cette interrogation, sous forme de tentation pessimiste: “Est-il impossible de changer le monde aujourd’hui?“. Sa conclusion a été la suivante: « vivre ensemble dans un monde fraternel (…) est une révolution possible, si nous partons du cœur et de l’Evangile“.
Célébrations en Belgique
En Belgique, le jubilé du cinquantenaire sera célébré durant le week-end des 28 et 29 avril prochains. Le samedi une journée « portes ouvertes » est organisée dans toutes les maisons de Sant’Egidio situées dans notre pays. Ce jour là, une messe sera célébrée à 18h, en l’église Saint-Barthélemy, présidée par Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège et membre de Sant’Egidio. Le dimanche, une séance académique se déroulera à Anvers de 14h à 16h, avec des intervenants de haut niveau, à l’auditorium KBC (Eiermarkt 20, 2000 Antwerpen). Une traduction simultanée et prévue. Le nombre de place est limité; veuillez vous inscrire à temps en cliquant ici. Une célébration d’action de grâce aura lieu à 17h, à la Cathédrale Notre-Dame d’Anvers, présidée Mgr Vincenzo Paglia, président de l’académie pontificale pour la vie et grand-chancelier de l’Institut pontifical Jean-Paul II et par Mgr Johan Bonny, évêque d’Anvers. Le cardinal Jozef De Kesel porésidera en outre une célébration eucharistique, à Bruxelles, le jeudi 3 mai 2018 à 19h, à l’église Notre-Dame des Riches Claires.
J.J.D. (avec Sant’Egidio, cath.ch/imedia et Vatican News)