Expropriation sans compensation pour les fermiers Sud-Africains blancs


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Expropriation sans compensation pour les fermiers Sud-Africains blancs
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
3 min

Le projet politique de Julius Malema a finalement été adopté en Afrique du Sud : les propriétaires terriens blancs verront désormais leurs terres agricoles expropriées sans compensation. Une mesure qui a été prise au prix d’une réforme de la Constitution.

Le parti des Combattants pour la liberté économique (EFF), mené par Julius Malema, est parvenu à ses fins. Il y a un an, la justice avait pourtant interdit à Malema de réitérer ses appels à une expropriation des terres agricoles sans compensation. Faute de quoi, le leader aurait risqué une arrestation en bonne et due forme. Une situation qui a radicalement changé ces derniers jours, puisque Malema est finalement parvenu à une réforme de la Constitution. Les députés se sont en effet prononcés pour la mise en place d’une commission chargée de réviser l’article 25 de la Constitution sud-africaine.

Discours ambigus

« Le temps de la réconciliation est fini. L’heure de la justice a sonné », déclare Malema. « Nous ne cherchons pas la vengeance [...] nous voulons retrouver notre dignité ».

Plus de vingt-cinq ans après la fin de l’apartheid et cinq ans après la mort de Nelson Mandela en 2013, la situation a pourtant viré au drame pour beaucoup de propriétaires agricoles issus de la minorité blanche. Dans un article précédent, nous évoquions ainsi le climat de violence sans cesse croissant, avec une nette augmentation des meurtres à l’encontre des Sud-Africains blancs.

Aujourd’hui, la minorité blanche détient 73% des terres agricoles contre 85% à la fin de l’apartheid. Une évolution liée à la politique de Nelson Mandela, qui visait une redistribution des terres dans un climat de paix, ce qui implique une mise en œuvre progressive du projet.

En 2016, Malema déclarait à ses partisans qu’il « n’appelait pas au massacre des Blancs – du moins pour l’instant ». Une déclaration dans laquelle Malema esquisse déjà ses projets futurs : un massacre, un génocide raciste, purement et simplement. S’il ne s’agit pas de « vengeance », on est en droit de douter que cela permettra aux Combattants pour la liberté économique et à Julius Malema de « retrouver leur dignité ».

Quant au nouveau chef d’État, Cyril Ramaphosa, il affirme quant à lui: « Nous n’autoriserons pas des interventions s’apparentant à du vol [...] nous ne ferons pas les erreurs que les autres ont commises ». Il s’agirait seulement de « panser les plaies du passé et [d’] accélérer la redistribution de la terre aux Sud-Africains noirs ».

Risques économiques

Au Zimbabwe, voisin de l’Afrique du Sud, l’ancien président Robert Mugabe avait entrepris, dès le début des années 2000, une réforme agraire reposant sur l’expropriation brutale des propriétaires agricoles blancs. Les terres avaient notamment été offertes à des individus proches du pouvoir. Ceux-ci n’étant pas en mesure de gérer les exploitations, la politique de Mugabe a finalement plongé le pays dans une crise économique grave, avec un taux de chômage atteignant les 80% en 2005. Près de vingt ans après la mise en œuvre du projet d’expropriation des terres, le Zimbabwe ne s’est toujours pas relevé de la crise.

En Afrique du Sud, le principal parti d’opposition, l'Alliance démocratique (DA), conteste la réforme, estimant qu’elle « met sérieusement en danger l’économie nationale ».

MMH

Image: CC-BY-SA Gary van der Merwe

Catégorie : International

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