A la suite d'une perquisition menée mardi 13 mars 2018 dans le nord de la France, plus de cinquante œuvres d'art volées ont été saisies. Onze d'entre elles ont déjà pu être identifiées comme provenant d'églises du diocèse de Tournai.
Beau coup de filet mardi dernier pour les forces de l'ordre de Villeneuve d'Ascq. Une perquisition menée dans cette région a en effet permis de retrouver plus de 50 objets d'art, qui ont été mis sous scellés, tandis que plusieurs personnes ont été placées en garde à vue pour interrogatoire. La saisie, très variée, comporte des sculptures, des peintures sur toile et sur bois, des bras reliquaires, des panneaux sculptés, des chandeliers, une châsse, un aigle lutrin et diverses pièces d'orfèvrerie.
C'est l'adjudant Vincent Portal, attaché au groupe « Objets volés de nature artistique, d'antiquités et de brocantes » situé à Pontoise, en banlieue parisienne, qui a alerté Déborah Lo Mauro, point de contact privilégié pour tout ce qui concerne le patrimoine religieux à l'évêché de Tournai. « M. Portal m'avait contactée en septembre dernier suite à des annonces de vol d'objets parues sur le site de notre diocèse », explique-t-elle. « Constatant que le phénomène de vols dans des églises impactait particulièrement le nord de la France mais aussi la Belgique, il m'a demandé de lui fournir une liste des objets volés chez nous en 2017. »
Beloeil, Cordes, Quevaucamps, Sirault et Warcoing
Fiches descriptives de l'Institut royal du Patrimoine artistique (IRPA), photos prises par certains fabriciens, articles parus sur le site du diocèse : un dossier dénombrant une douzaine d'œuvres disparues a ainsi été remis aux autorités françaises.
La plupart des objets saisis en France doivent encore être identifiés. Certains d'entre eux pourraient provenir d'autres diocèses belges. Mais onze œuvres ont déjà pu être reconnues avec certitude comme issues de notre diocèse, et plus particulièrement de Beloeil, Cordes, Quevaucamps, Sirault et Warcoing. Ainsi, la sculpture représentant saint Luc (photo), volée dans l'église Saint-Amand, à Sirault, fait partie des objets retrouvés.
Même si son avenir est plus qu'incertain, la cellule en charge de la recherche d'œuvres d'art et d'antiquités en Belgique existe toujours actuellement. Lucas Verhaegen, seul membre restant et basé à Bruxelles, poursuit sa traque aux objets volés, en étroite collaboration avec Interpol, plus spécialement au niveau européen. Informé par le groupe d'enquête parisien, il a pu aller examiner les œuvres retrouvées. C'est d'ailleurs lui qui organisera le rapatriement de ces objets avec la police belge.
Procédure à suivre en cas de vol
On s'en doute, le facteur temps est déterminant dans ce genre d'affaire. Si un vol simple par auteur inconnu est déclaré, il faudra parfois jusqu'à six mois avant que le procès-verbal ne parvienne à la cellule d'enquête belge, ce qui réduit l'efficacité des recherches et des dispositifs mis en place. C'est pourquoi il est essentiel, après avoir immédiatement signalé le vol à la police locale, de prévenir très rapidement le Service diocésain Art, Culture et Foi du diocèse ou le service Communication de l'évêché, qui effectuera le suivi auprès des autorités belges et françaises.
« Il est vraiment primordial que les fabriques aient des fiches descriptives à jour et un inventaire photos de leur patrimoine sacré », insiste Déborah Lo Mauro. « C'est ce qui nous permettra de fournir toutes les informations nécessaires aux enquêteurs et, comme c'est le cas aujourd'hui, d'identifier plus facilement des œuvres récupérées lors d'opérations policières. »
Diocèse de Tournai