Le 6 mars dernier, la Congrégation pour la Cause des Saints reconnaissait officiellement le martyre d’une jeune slovaque, Anna Kolesárová, née en 1928 et tuée en 1944. Cette reconnaissance ouvre la voie à sa béatification.
Née dans un petit village de la région de Košice, Anna Kolesárová est issue d’une famille modeste. Ses parents, Ján Kolesár et Anna Kušnírová, sont agriculteurs. À dix ans, Anna et son frère Michal perdent leur mère. Dès lors, la petite Anna prendra en charge les nombreuses tâches domestiques qui lui reviennent.
Rythmée par la prière et les travaux quotidiens, la vie à la ferme est très simple et tranquille pour Anna. Sa piété est grande et tous les jours, elle se rend à la messe.
Invasion communiste
Hélas le 22 novembre 1944, le village de Vysika nad Uhom est envahi par l’Armée rouge. Jan Kolesar et ses enfants se cachent dans une cave située sous la cuisine, mais la maison est perquisitionnée. Un soldat de l’armée soviétique fait sortir le père et ses enfants de leur cachette. Il demande alors à manger et à boire. Obéissant à son père, Anna s’exécute. Mais lorsqu’elle se rend à l’extérieur de la ferme, le soldat la suit. Anna refuse les avances qu’il lui fait alors. Il lui propose soit d’y céder, soit de mourir. Anna refuse encore malgré la menace. Elle se précipite vers la maison, mais l’agresseur la poursuit et lui ordonne de faire ses adieux à ses proches: « Au revoir, papa ! Jésus, Marie, Joseph ! ». Ce furent les derniers mots d’Anna Kolesárová avant d’être fusillée. Elle avait seize ans.
« Victime de la sainte chasteté »
Anna est enterrée le lendemain. Lorsque le Père Anton Lukáč inscrit le nom d’Anna Kolesárová dans le registre paroissial de Pavlove, il ajoute : « Hostiae sanctae castitatis » (« Victime de la sainte chasteté »). Le Père Anton Lukáč et la Père Michal Potocký recueilleront plusieurs témoignages à propos d’Anna.
Néanmoins à l’issue de la guerre, la région tombe sous le joug communiste et la situation politique ne permet pas que l’histoire d’Anna soit diffusée. Sous le régime soviétique, il est interdit d’évoquer publiquement la vie et la mort d’Anna Kolesárová.
Reconnaissance
Toutefois, dès la chute du régime en 1992, l’histoire d’Anna refait surface. Le petit village de Vysika nad Uhom voit fleurir les premiers pèlerinages en souvenir d’Anna. Chaque année, des jeunes filles et des jeunes garçons viennent y prêter serment en promettant de rester chastes jusqu’au mariage.
En 2002, une statue d’Anna est érigée dans un village tout proche de la ferme où elle a grandi. Et sur la tombe d’Anna, en plus des indications habituelles, est gravée la devise de saint Dominique Savio, qu’elle a si bien incarnée: « La mort plutôt que le péché ».
Le 6 mars dernier, le pape François a reconnu qu’Anna était morte « in defensum castitatis ». Morte en défendant la chasteté, martyre de la pureté, comme la bienheureuse Caroline Kózka, elle aussi abattue par les communistes.
MMH
Image: Domaine public