Jesus’Trip, c’est l’histoire de trois gars: Gaël, Nathan et Luc. Sur leur premier album de pop louange, on retrouve de mutliples influences allant du latino à l’électro, en passant par la country. Actuellement en tournée avec "Jump, Sing and Pray", ils préparent un deuxième opus dont la sortie est prévue en juin 2018.
Luc est le leader du groupe, il chante et joue de la guitare. C’est Gaël qui écrit et compose la plupart des chansons. Nathan, le cadet du groupe, accompagne ses deux acolytes au clavier. Mais c’est ensemble qu’ils travaillent les arrangements. Trois personnalités complémentaires au service d’un même objectif: partager la joie de leur foi et rester ouverts à tous, cathos ou non.
D’où vient le nom du groupe? Comment est-il né?
Luc: J’étais à une période de ma vie où je ne travaillais pas et je ressentais le besoin de trouver un engagement chrétien. Je voulais créer une agence de voyage pour aider les jeunes à partir en pèlerinage. J’étais au resto avec un ami et il m’a lâché ce nom en boutade… et je l’ai gardé! Finalement, le projet n’a pas abouti. Quand Gaël, Nathan et moi avons accepté d’animer une veillée à Verviers, le 3 mai 2014, qui ne devait être qu’un "one-shot", un journaliste m’a demandé comment s’appelait le groupe. J’ai répondu spontanément Jesus’Trip. Ce fut une soirée merveilleuse. On a senti que cela répondait à un appel du public mais aussi à un appel intérieur pour chacun de nous. Le lendemain, nous nous sommes posé la question: "Que fait-on?" Car nous avons été de suite sollicités pour recommencer! Alors nous avons décidé de continuer et de nous mettre à la disposition de ceux qui voudraient nous voir jouer dans leur église. Mais nous n’imaginions pas ce qui allait nous arriver par la suite. On ne s’attendait vraiment pas à une telle ampleur. En fait, tout s’est fait assez naturellement.
C’est quoi, pour vous, la pop louange?
Nathan: La pop louange, c’est ma façon à moi de vivre ma foi. Ce n’est pas toujours facile d’exprimer ce que l’on ressent avec des mots. Il y a plein de façons de prier, c’est ce que je dis tout le temps aux jeunes que je rencontre.
Gaël: C’est vrai que Luc et moi avons été fortement inspirés par le groupe Glorious (NDLR : groupe français de pop louange). Je m’y suis retrouvé à 100 % par rapport à ma foi mais nous avons notre propre style. Et je pense que nous n’avons pas le même public que les autres groupes de pop louange. Le nôtre est plus diversifié. Je crois aussi que nous sommes accessibles aux non-cathos.
Luc: Moi, je vis ma musique. Elle m’accompagne toute la journée. Souvent, on s’adresse à Dieu quand ça va mal. J’aime mieux prier dans la joie. Donc la pop louange, ça me parle puisque c’est louer Dieu en musique. Je suis fan de Glorious mais je n’ai pas leur talent pour amener les gens vers la prière. Nous sommes plutôt un groupe de témoignage. Nous voulons avant tout partager la joie, la joie de notre foi.
En quoi un concert de Jesus’trip est différent des autres?
Luc: Nos concerts se déroulent en quatre parties. D’abord, on fait la fête, puis on propose un moment d’intériorité, ensuite on entre dans la prière et on termine de nouveau par la joie. C’est un vrai moment de résurrection. Après la partie d’intériorité, on sent que les spectateurs ont vécu un moment riche. La deuxième partie du concert se vit alors dans une joie libératrice. Je crois qu’il est difficile de vivre une vraie joie sans passer par l’intériorité.
Nathan: Il est très important pour nous de jouer dans des églises car nous voulons les mettre en valeur. Et surtout, nous ne voulons pas être payés pour vivre notre foi.
Quelle place occupe la foi dans votre vie?
Luc: Dieu est présent à chaque instant de ma vie. J’ai envie de tout partager avec Lui. Quand j’étais ado, j’ai commencé à me demander: "Et si c’était vrai? Si Dieu existait?" A l’âge de quinze ans, je me suis rendu en pèlerinage à Taizé. Ça a été un moment marquant. J’ai intégré le MEJ (NDLR: Mouvement eucharistique des jeunes) et j’ai découvert tout un monde nouveau. Alors que j’étais timide, j’ai pris confiance en moi. Aujourd’hui, je continue d’accompagner des jeunes, je témoigne auprès d’eux et je vais régulièrement à la messe. Même si parfois la messe du dimanche ressemble à un enterrement, dans le cœur, ça peut être une grande joie. Je fais aussi de l’animation donc c’est plus facile quand on est acteur de vivre un vrai moment de communion.
Gaël: Quand j’étais jeune, la messe, ça me pompait ! Devenir membre du MEJ ne m’inspirait pas non plus. Mais quelque chose est né en moi grâce aux personnes que j’y ai rencontrées. Je m’y sentais mieux qu’avec les copains de l’école. A seize ans, j’ai rencontré Luc lors d’un camp d’été et il est devenu mon meilleur ami. Nous sommes partis ensemble en pèlerinage à Taizé. J’ai vécu ce voyage comme un électrochoc. J’ai eu l’impression d’avoir encore plus trouvé ma place. J’avais l’impression que c’était Dieu qui nous rassemblait et me permettait de vivre les plus beaux moments de ma vie.
Nathan: Ma grand-mère m’a offert un voyage à Lourdes pour ma profession de foi. C’est là que j’ai rencontré Gaël. Je ne savais pas ce que je faisais là-bas ni pourquoi mais j’étais là. Ma foi aujourd’hui me dit "Essaie et tu verras". Je crois que ma foi, je la découvre au jour le jour. Si je pouvais, j’aimerais pouvoir recommencer ma confirmation parce que, au lieu de répéter ce que les autres disent, je pourrais exprimer mes valeurs avec mes propres mots. En fait, j’ai vraiment deux vies: une vie bien réglée dans la société avec le travail, et une vie que je vis pleinement avec mon cœur, une vie spirituelle où mes sentiments, mes craintes, mes peurs peuvent s’exprimer.
Est-ce difficile d’être chrétien dans la société actuelle?
Gaël: C’est plutôt difficile de se dévoiler quand on quitte son cercle d’amitiés qui partagent ou du moins respectent votre foi.
Luc: En dehors des témoignages, je ne parle pas spontanément de ma foi. Ce sont plutôt les gens qui me posent des questions vu que je suis dans un groupe de pop louange. Et puis sur mon CV, j’ai inscrit que j’ai été permanent pendant six mois à Taizé. Donc je ne le cache pas mais je ne l’affiche pas non plus. Je sens la plupart du temps de la curiosité et beaucoup de respect. Par contre, je trouve regrettable de voir que certains chrétiens sont plus fermés que les athées. Pour moi, témoigner de sa foi, c’est être un "bon citoyen" qui fait preuve de compassion et de respect. Je suis convaincu que plus on assume sa foi dignement, plus les gens l’acceptent. Jesus’Trip, c’était un peu mon bébé mais je suis émerveillé de voir ce que ce projet apporte comme émulation au sein du public, mais aussi au sein de notre groupe et rien que pour cela, je me dis que ça en vaut la peine.
Propos recueillis par Sophie Delhalle
Pour connaître les prochaines dates de concert du groupe, consultez leur site internet www.jesus-trip.be ou leur page Facebook.