Depuis dimanche 17 décembre, la lumière pour la paix de Bethléem brille de nouveau en Belgique. Nous devons cette initiative aux Scouts et Guides de la Communauté Germanophone qui organisent chaque année le transport de la flamme de Vienne à Eupen et la distribuent lors d’une veillée le 3ème dimanche de l’Avent.
Depuis bientôt vingt ans, une délégation des Scouts et Guides des trois communautés linguistiques se rend à Vienne pour récupérer la lumière de Bethléem et la ramener en Belgique. Cette lumière d’espérance a également été transmise aux nombreuses délégations venues des quatre coins de l’Europe.
A l’origine, cette initiative a été mise en place par une radio autrichienne. Chaque année, un enfant qui a accompli une belle action dans l’année est envoyé à Bethléem pour récolter la flamme qui brûle dans la grotte de la Nativité et qui est symbole de paix et de fraternité. Il ramène cette flamme à Vienne où chacun peut venir recueillir cette lueur. Des délégations guides et scoutes du monde entier viennent alors chercher la flamme pour la ramener chez eux.
A l’approche de Noël, Mgr Delville nous parle de cette période si particulière pour les chrétiens et de la veillée à Eupen où fut partagée la lumière de Betlhéem.
S.D.: Comment vivez-vous personnellement ces jours de Noël ?
Mgr Delville: J’ai eu l’occasion de me rendre à Eupen dimanche dernier et de participer à l’accueil de la flamme de Noël, venue de Bethléem grâce au mouvement scout. Ce sont des jeunes d’Ostbelgien qui sont allés chercher la flamme à son arrivée en Europe, à Vienne en Autriche. Comme ils sont germanophones, c’est plus facile. Puis les mêmes jeunes transmettent la flamme à toute la Belgique, lors d’une veillée qui se tient à Eupen et est animée dans les trois langues nationales. C’est un très beau moment, un moment émouvant.
S.D.: Qu’est-ce qui vous a touché lors de cette veillée ?
Mgr. D. : Outre les chants de Noël et les chants des scouts, ce qui m’a frappé, c’est d’entendre les initiatives qui sont prises pour accueillir la flamme de Noël à beaucoup d’endroits. Ainsi à Liège, après une veillée de Noël les fidèles veulent sortir de l’église et distribuer la flamme sur le Marché de Noël. À Huy, ils ont organisé un concert du groupe de rock chrétien Jesus’ Trip et on va distribuer la flamme aux jeunes. Ainsi grâce à la flamme, les chrétiens sont communicatifs et transmettent l’esprit de l’évangile, qui est souvent caché par les festivités un peu matérialistes autour de Noël.
S.D.: Etes-vous sensible à l’esprit de l’évangile de Noël ?
Mgr. D.: Oui, et tout spécialement cette année, parce que j’ai pu faire un pèlerinage à Bethléem et à Jérusalem ; c’était le mois dernier et j’ai eu la chance de m’incliner devant la crèche de Jésus. L’endroit est très étroit, il se situe dans la crypte de l’église, j’ai fait la file pendant une heure pour pouvoir le vénérer, on était serré les uns contre les autres avant d’y arriver. Alors dans cet endroit inconfortable, j’ai pensé à toutes les personnes de notre diocèse et j’ai prié pour nos communautés chrétiennes. J’ai pensé aussi aux jeunes d’Israël et de Palestine, qui sont musulmans, juifs ou chrétiens, et qui vivent des problèmes graves de tensions entre eux. J’ai pensé qu’un jour la flamme de Bethléem les aiderait à résoudre leurs problèmes, parce que la flamme donne une lumière nouvelle sur les visages des gens. J’ai pensé que, de cet endroit minuscule, une vie nouvelle allait rayonner pour le monde entier.
S.D.: Noël est devenu concret pour vous ce jour-là ?
Mgr. D.: Oui, d’autant plus que j’ai trouvé cette vie nouvelle, cette vie évangélique, à quelques pas de là, au cœur de Bethléem, chez les Filles de la Charité, à l’orphelinat qu’elles organisent dans l’esprit de saint Vincent de Paul. Les sœurs accueillent des dizaines d’enfants orphelins, parfois des nouveau-nés, qui sont abandonnés par leurs familles. La culture locale ne supporte pas l’état de filles-mères. C’est pourquoi, tant d’enfants sont abandonnés. Les sœurs sont les seules à les recueillir. Elles ne sont que deux, mais des puéricultrices les aident. Elles ont appelés leur maison « La crèche de Bethléem ». Elles aiment dire avec un sourire en coin qu’elles sont vraiment une « crèche vivante ». Oui, la plus vivante de toutes les crèches vivantes ! J’ai pu célébrer la messe dans leur église ! Et là j’ai compris que Noël se célèbre tous les jours, même au mois de novembre comme c’était le cas.
S.D.: Alors quelle est votre sentiment pour ce Noël 2017 ?
Mgr. D. : C’est la force de la flamme de Bethléem. La flamme donne une lumière de foi et d’espérance sur les visages du monde entier. Sous l’éclairage d’une flamme, tous les visages sont beaux, même les plus vieux et les plus attaqués par le temps. Tout est beau car la lumière de la flamme est vivante, elle bouge, elle crée des ombres et des lumières, elle est animatrice, elle donne une âme à chacun. Merci, Seigneur, pour cette flamme de Bethléem, qui est venue jusqu’ici. Qu’elle éclaire et rende merveilleux tous les visages du monde ! Qu’elle ouvre nos yeux et nos cœurs ! Joyeux Noël à tous et à toutes !
Sophie Delhalle