L'archéoforum de Liège vient d'inaugurer une nouvelle exposition temporaire sur le thème "Résidences des Princes-Evêques". Une invitation à voyager à travers le diocèse du Moyen Age jusqu'au 18e siècle.
Tous les Liègeois connaissent l'actuel Palais des Princes-Evêques surplombant la place Saint Lambert, sous laquelle se trouve justement l'archéoforum. Mais les évêques de Liège possèdent depuis le Haut Moyen-Age une douzaine de résidences où ils peuvent séjourner en toute sécurité lors de leur déplacement dans le vaste diocèse liégeois.
Christine Renardy, historienne et commissaire de l'exposition, nous explique comment ce projet est né: "J'avais publié un livre pour l'Institut du Patrimoine Wallon (IPW) sur la château de Seraing (NDLR: ancienne résidence épiscopale) à l'occasion du deux centième anniversaire de l'arrivée de John Cockerill. En collaboration avec Julien Maquet, directeur de l'archéoforum, nous avons réfléchi à une exposition dont le thème serait élargi aux résidences épiscopales et répondre aux questions pourquoi, où et comment."
De la forteresse au château, du 10e au 18e siècle, cette exposition nous présente l'évolution des résidences occupées par les princes-évêques de Liège. Une place particulière est réservée au Palais de Liège - et ses métamorphoses - et au château de Seraing, maison forte d'Erard de la Marck devenue propriété des Cockerill - elle a d'ailleurs fait l'objet très récemment d'une complète restauration. Cette exposition nous parle aussi des castra, de Dinant ou Thuin, des localités de Tongres et de Fosses-la-ville ou encore des places fortifiées comme Bouillon, Rochefort et Franchimont. Tous ces lieux sont idéalement situés le long de la Meuse et de ses affluents, sur des promontoires rocheux. Au travers des manuscrits, des oeuvres d'artistes et des vestiges archéologiques, nous pouvons nous faire une idée concrète de l'histoire et de l’évolution de ces lieux et bâtiments, en partie détruits et/ou transformés.
Des pièces assez rares ont été prêtées pour rehausser cette exposition temporaire: "Les Archives de l'Etat, nous explique Christine Renardy, nous ont exceptionnellement confié le plan du château de Seraing et ses projets de jardins ainsi que l'acte original signé par Henri de Leez en 1154. Grâce à la collaboration de Mgr Delville, nous avons pu aussi exposer les portraits de certains évêques. " La commissaire d'exposition veut souligner la présence d'une pièce en bronze : "Le Prométhée enchainé" de Guillaume Evrard, offert à Velbruck. "Michel-Ange avait envisagé de représenter le mythe de Prométhée sur le plafond de la chapelle Sixtine mais il a renoncé. Il faudra attendre le siècle des Lumières (18e) pour que des artistes s'y intéressent à nouveau comme symbole de la souffrance humaine. L'artiste liégeois Guillaume Evrard conçoit cette oeuvre au même moment où Goethe s'intéresse au mythe prométhéen."
Un seul regret serait à formuler: l'absence d'informations sur les modalités de voyage, leur durée, leurs motifs, les us et coutumes, les habitudes de chaque évêque. A cela, Christine Renardy répond: "Notre ambition était de mettre en avant le patrimoine immobilier. Pour le Haut Moyen Age, nous ne disposons que de peu d'informations. Nous savons que les évêques comme les monarques contemporains étaient accompagnés d'une cour itinérante. Au 18e siècle, leur train de vie ressemble très fortement à celui des souverains de l'époque (NDLR: rappelons qu'ils sont princes ET évêques depuis Notger). ll suffit de regarder la reproduction du tableau représentant la cour de Jean Théodore de Bavière. Il n'a rien à envier aux autres souverains. On est loin de l'image de l'évêque qui vit dans sa cathédrale."
L'exposition présente une variété d'objets (sceaux, pièces de monnaie, cartes et plans, sculptures, vaisselle,...) dont certaines pièces exceptionnelles comme mentionnées plus haut. Les panneaux explicatifs sont instructifs et pointus, peut-être même trop. Cela prouve néanmoins le caractère hautement scientifique de cette nouvelle exposition.
L'exposition "Résidences des Princes-Evêques" est à voir à l’Archéoforum de Liège jusqu'au 4 mars 2018.
Pour plus de renseignements, consulter le site de l'archéoforum.
Sophie Delhalle