L'Eglise catholique au Zimbabwe a offert sa médiation dans la grave crise qui oppose l’armée et le président Robert Mugabe.
Président du Zimbabwe depuis près de 40 ans, Robert Mugabe, âgé de 93 ans, s'accroche au pouvoir au point d'avoir envisage d'être candidat à sa propre succession lors des élections qui devraient avoir lieu l'année prochaine. La prise de pouvoir par l'armée – même si elle refuse de parler de "coup d'Etat" – est motivée par la succession du dernier père de l'indépendance encore en vie, en Afrique. Le limogeage du vice-Président Emmerson Mnangagwa, a été le déclencheur de ce bras de fer. L'objectif était avant tout d'écarter l'épouse de l'actuel président, de 41 ans sa cadette, qui lorgnait clairement vers le pouvoir. Mais la mise à l'écart du dauphin pressenti n'a pas été du goût de l'armée, dont il est proche, et même d'une partie des membres du parti présidentiel, ZANU/PF.
Médiation des Eglises
Pour sa part, l’agence de presse de l’Eglise anglicane a indiqué qu’un groupe œcuménique de leaders chrétiens du Zimbabwe a estimé que le pays se trouve "entre une crise et un kairos" (temps de l’occasion opportune) et a appelé à un dialogue national. Présidé par l'évêque anglican du centre du Zimbabwe, Ishmael Mukuwanda, ce groupe rassemble le Conseil des Eglises du Zimbabwe, la Conférence des évêques catholiques et l'Alliance évangélique du Zimbabwe. Dans sa déclaration, l'évêque anglican fait remarquer que "si les changements ont été rapides ces derniers jours, la véritable détérioration du climat politique et social du pays était visible pour tout le monde depuis longtemps, en particulier lors des rassemblements politiques du parti au pouvoir".
Dans un mémorandum signé le 30 octobre 2017, la Conférence des évêques catholiques et le Conseil des Eglises du Zimbabwe avaient déjà alerté que la politique d'exclusion, caractérisée par un usage accru des identités ethniques, qui domine le discours, fragmentait et menaçait "la cohésion déjà faible de la société".
Pour tenter de sortir de la crise, les Eglises, dont l'Eglise catholique, ont donc proposé une médiation. Ainsi, le père jésuite Fidelis Mukonori mène d’intenses négociations depuis le 15 novembre 2017, jour de la prise de pouvoir par les militaires. Mais le président Mugabe, placé en résidence surveillée par l'armée, a rejeté le 16 novembre cette médiation, estimant être le seul chef légitime du pays.
Le chef de l'Etat, a rencontré pour la première fois jeudi 16 novembre, le chef de l'armée, le général Constantino Chiwenga, au siège de la présidence à Harare, a rapporté à l'AFP une source proche des militaires. Deux ministres sud-africains dépêchés par le président Jacob Zuma, fidèle soutien de Robert Mugabe, ont également participé à la réunion, selon un porte-parole à Pretoria qui n'a donné aucun détail sur la teneur des discussions. Un prêtre catholique était présent lors de cette réunion, selon le site internet du quotidien gouvernemental The Herald.
Hier encore, les responsables religieux catholiques du Zimbabwe ont appelé au calme et à la formation d’un gouvernement intérimaire. Le frère Frederick Chiromba, secrétaire général de la conférence épiscopale zimbabwéenne, a souhaité faire entendre aux militaires qu’il était “de leur responsabilité“ de faire en sorte que la dignité et les droits humains soient respectés. Les autorités religieuses ont pris égard à prévenir la population contre toutes les fausses nouvelles pouvant circuler sur les réseaux sociaux et engendrer la peur.
Dans un communiqué, de nombreux responsables chrétiens, dont le frère Chiromba, ont souligné “l’opportunité que pouvait représenter cette crise dans la mise en place d’un nouveau dialogue national”.
Reste maintenant à savoir ce que fera Robert Mugabe? Car la situation peut basculer d’un moment à l’autre s'il s'obstine davantage.
J.J.D (d'après cath.ch et agences)