Les atrocités commises par Daech pendant la bataille de Mossoul, en Irak, sont des « crimes internationaux » que les tribunaux irakiens ne peuvent pas actuellement poursuivre. C’est ce qu’estime un rapport publié à Genève le 2 novembre 2017 par l’Organisation des Nations Unies (ONU).
Auteurs du rapport, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) et la Mission d’assistance des Nations Unies en Irak (MANUI) demandent aux autorités irakiennes d’accepter la juridiction de la CPI. La cour, indiquent-ils, permettra de poursuivre les responsables d’atrocités comme le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre. « Cela est nécessaire pour rétablir la confiance et assurer une réconciliation durable entre toutes les communautés en Irak« , soulignent le HCDH et la MANUI.
70 fosses communes attribuées à Daech
Le rapport porte sur plus de 600 cas de violence qui auraient fait des victimes civiles. En effet, le Haut-Commissariat dit avoir rassemblé, après la chute de Mossoul, des témoignages directs décrivant des enlèvements de masse de civils et l’utilisation de milliers d’entre eux comme boucliers humains. Des bombardements délibérés d’habitations et des attaques indiscriminées contre ceux qui ont tenté de fuir la ville ont également été cités.
En trois ans, plus de 70 fosses communes ont été identifiées dans les zones contrôlées par l’Etat islamique. Certaines pourraient regrouper des milliers de corps.
Nombreuses victimes civiles
Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Irak, Ján Kubis, a souligné que le rapport documentait des atrocités de masse commises par Daech contre des civils. Au total, pendant les neuf mois de l’offensive de l’armée irakienne sur Mossoul, plus de 2500 civils ont été tués, la plupart en raison d’attaques de Daech. Plus de 741 d’entre eux ont été exécutés. Les restes de plus de 1640 personnes ont été retrouvés sous les décombres par la défense civile irakienne. Plus de 1600 personnes ont été blessées et plus de 800’000 autres déplacées en raison des combats, détaille encore le rapport.
Victimes de raids aériens irakiens
Par ailleurs, le document a dénombré 461 civils tués à la suite de raids aériens pendant la phase la plus intense de l’offensive lancée le 19 février dernier par les forces irakiennes. L’ONU relève qu’il lui est impossible d’établir l’origine des frappes « dans presque tous les cas« . Dans ces conditions, l’ONU exhorte les autorités irakiennes à enquêter sur les violations présumées perpétrées par ses forces et les forces associées au cours des opérations militaires.
Les Nations Unies appellent également Bagdad et le gouvernement régional du Kurdistan à veiller à ce que les autres crimes commis dans le cadre du conflit armé relèvent de la compétence des tribunaux nationaux.
Sourcecath.ch/com/bh
Photo: Civils irakiens, près des ruines de la Grande mosquée al-Nouri, en juillet 2017. (c) Wikimedia