EXPO: Fumées célestes ou funestes


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EXPO: Fumées célestes ou funestes
Par Sophie Delhalle
Publié le - Modifié le
4 min

L'encensoir aux Hébreux dans la fournaise

Inaugurée le 10 novembre, l’exposition « Fumées célestes ou funestes » investit le monde religieux mais aussi profane et propose une expérience totale où tous les sens sont conviés. A découvrir absolument au Musée des arts anciens de Namur!

Ce serait une grave erreur de résumer l'exposition à ce que présente sa - magnifique - affiche ! Le TREM.A vient de réussir une véritable prouesse en réunissant plus d’une centaine de pièces – dont des objets rarement exposés au grand public - prêtées par une trentaine d’institutions – dont le prestigieux Musée du Louvres - avec un budget des plus modestes. La variété d’objets présentés est simplement remarquable et les vitrines ont été conçues avec harmonie et sobriété, mettant chaque objet en valeur. Les textes explicatifs rédigés par des experts sont très accessibles ; il convient également de souligner le travail remarquable de concordance entre les développements historiques et les objets exposés, et entre les objets qui se répondent. De plus, l’exposition comporte plusieurs niveaux de lecture. Les visiteurs qui n’auraient pas envie de lire les longs textes retrouvent la même information « découpée » dans les légendes accompagnant les objets.

Poteries funéraires

Le thème de la fumée est abordé sous toutes ses facettes et à travers le temps. Dans l’Antiquité, la fumée s’élevait vers les cieux pour honorer et apaiser les dieux. L’encens matérialisait la prière mais aussi l’âme des défunts qui montent vers le ciel. Il va en fait remplacer le sacrifice d’animaux (holocauste). Ce n’est qu’à partir du 6e siècle que l’encens est introduit dans la liturgie chrétienne, probablement en réaction aux rites païens. La pratique de l’encensement des morts consiste à enterrer le défunt avec des poteries trouées contenant de l’encens. Cet encensement est un signe de respect et d’hommage rendu au disparu, avec l’espérance d’intercéder en sa faveur. Au Moyen - Age, la « fumée sans feu » est une figuration de ce lien vertical entre les mondes céleste et terrestre. C’est également à cette époque qu’apparait la notion d’ « odeur de sainteté ». La fumée produite par le brûlage de l’encens est aussi une façon de rendre visible l’invisible c’est-à-dire Dieu. L’usage de « parfums » (du verbe perfumare qui signifie « à travers la fumée ») se répand au Moyen-Age avec des bijoux de senteurs. La conservation des parfums sous forme liquide reste hasardeuse jusqu’au 17e siècle, au moment où apparait sa définition d'odeur agréable dans le Larousse . Sur la parcours de visite, des dispositifs olfactifs nous invitent à découvrir ses senteurs et parfums que côtoyaient et appréciaient nos ancêtres.

"Ceci est", oeuvre de Fabrice Samyn

L’exposition aborde aussi les usages militaires avec la poudre de canon, découverte qui a découlé sur un usage plus festif avec les feux d’artifice. Au Moyen-Age, l’incendie est symbole de purification. C’est seulement à partir du 10e siècle que les habitations seront équipées de cheminées qui réduiront les risques. Producteurs de fumées abondantes et funestes, les incendies sont associés aux enfers et à une forme de punition divine.

« J’ai proposé ce sujet il y a plusieurs années, explique Aurore Carlier, commissaire de l’exposition, historienne del'art attachée au TREM.A, la fumée n’avait encore jamais été traitée comme tel et je voulais montrer que toutes les fumées ont une odeur. Notre marque de fabrique, c’est aussi d’avoir intégré et fait dialoguer avec les pièces anciennes les œuvres d’un artiste contemporain, Fabrice Samyn, qui a travaillé sur la lumière, le feu, la transparence, l’invisibilité. Je suis aussi très fière de la confiance accordée par des grands musées qui nous ont prêté des pièces difficiles à obtenir en temps normal. » L’exposition sera accessible pendant trois mois, jusqu’au 11 février, ce qui peut sembler court, mais certaines pièces exceptionnelles ne peuvent supporter une durée d’exposition prolongée.

En marge de cette exposition, de nombreuses activités sont programmées. Le 3 décembre, une visite guidée interactive sera proposée aux familles avec manipulation d’encensoirs. Le 27 novembre et le 11 février, vous pourrez vous inscrire à deux ateliers pour apprendre à composer un parfum.

Le chef Carl Gillain (de l’Agathopède) vous proposera aussi un menu d’exception servi lors de soirées privées. Le menu « En fumées » a été créé spécialement pour l’exposition et est donc à déguster lors de nocturnes privatives. Le succès est au rendez-vous puisque deux dates supplémentaires vont bientôt être communiquées.

Pour retrouver toutes ces informations et encore plus, visitez le site du musée des arts anciens ou leur page Facebook ou appelez le 081/77 67 54.

L’exposition est accessible du mardi au dimanche de 10 à 18h à l’Hotel de Gaiffier d’Hestroy, rue du Fer 24 à 5000 Namur.

 

Sophie Delhalle


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