Devant le pape, Aung San Suu Kyi appelle la Birmanie à la patience et au courage


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Devant le pape, Aung San Suu Kyi appelle la Birmanie à la patience et au courage
AFP PHOTO / OSSERVATORE ROMANO / Dale DE LA REY
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

AFP PHOTO / OSSERVATORE ROMANO / Dale DE LA REY

Au cours de la partie la plus politique de son voyage en Birmanie, le 28 novembre 2017, le pape François s’est rendu à Naypyidaw, capitale administrative du pays. Lors de la rencontre avec les autorités, le pontife a été chaleureusement remercié pour son soutien par Aung San Suu Kyi, Conseillère d’Etat et ministre des Affaires étrangères.

Le pape est arrivé en début d’après-midi dans cette ville située à 320 kilomètres au nord de Rangoun, en zone tropicale. Naypyidaw est une ville nouvelle, construite au milieu des rizières et des champs de canne à sucre, à la population très clairsemée.
Faisant office de Premier ministre, Aung San Suu Kyi a introduit la rencontre du pontife avec les autorités civiles du pays, dont l'armée, au Centre de congrès international. Ponctuant son intervention de phrases en italien, la ministre a souligné en anglais que face aux nombreux défis de la Birmanie, il faut “de la force, de la patience et du courage“.

Soutien inestimable

La ‘Dame de Rangoun’ a en particulier remercié pour le soutien “inestimable“ du peuple et des “amis“, notamment durant la crise dans l’Etat d’Arakan, à l’ouest du pays. Des centaines de milliers de musulmans Rohingyas ont fui la violente répression de l’armée depuis fin août. Une opération qualifiée “d’épuration ethnique“ par les Nations unies.
Lors de ces récents événements, Aung San Suu Kyi a été critiquée au plan international pour son silence apparent. Elle reste néanmoins soutenue par l’Eglise. Elle “a sacrifié sa vie pour le bien de la nation“, avait notamment estimé avant le voyage le cardinal Charles Bo, archevêque de Rangoun, saluant son programme de réconciliation entre ethnies. Mais “elle ne peut pas changer l’histoire en 18 mois d’exercice du pouvoir“, avait ajouté le prélat.
Rappelant son éducation chez les franciscains de Rangoun, Aung San Suu Kyi a aussi cité les paroles du pape lors de son Message de paix du 1er janvier 2017. Le pontife avait exhorté les différentes autorités à “appliquer les Béatitudes [prononcées par Jésus dans le discours sur la montagne Mt, 5, 3-10] dans l’exercice de leurs responsabilités“.

Troisième rencontre avec le pape

Auparavant, lors de son arrivée à Naypyidaw, le chef de l’Eglise catholique avait effectué une visite de courtoisie au président de la République birmane, Htin Kyaw, élu en 2016. Le pape s’était ensuite entretenu en privé avec Aung San Suu Kyi. C'est la troisième rencontre entre les deux personnalités, après deux précédentes au Vatican en 2013 et 2017.
Prix Nobel de la paix en 1991, après 15 ans de résidence surveillée, celle qui s’inspire de la politique de non-violence de Gandhi a été élue au poste de Conseillère spéciale de l'Etat en 2016, au moment de l’ouverture démocratique du pays et de la victoire en 2015 de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie.
Appelée Myanmar par les pays qui ont reconnu le gouvernement militaire à la fin des années 1980, la Birmanie a été dirigée par la junte militaire jusqu’en 2015. Même si celle-ci s'est officiellement retirée du pouvoir, elle conserve néanmoins la maîtrise de la défense, des frontières, de l’économie et des affaires intérieures.

 

Cath.ch (imedia/ap/rz)


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