Le 31 octobre 1517, le théologien augustin Martin Luther affiche ses 95 thèses contre les indulgences, sur les portes de l’église de Wittemberg, en Allemagne. Cet événement marque le point de départ de la Réforme protestante, il y a 500 ans. En Belgique, il sera célébré dans la cathédrale de Bruxelles, le 28 octobre, dans un esprit œcuménique.
En Belgique, la commémoration du 500e anniversaire de la Réforme sera un événement œcuménique. Preuve en est le lieu où elle se tiendra: la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule ! Là-même où, au XVIe siècle, des iconoclastes protestants, ont cassé quelques vitraux, volé des reliques et brisé la châsse de sainte Gudule. A Bruxelles donc, où, 6 ans plus tard, on déplore les deux premiers martyrs connus (tout pays confondus) de cette Réforme: Henri Voes et Jean van Esschen. Inspirés par les idées de Luther, ces deux frères augustins appartenant au couvent d’Anvers, ont été brûlés vifs sur la Grand Place en 1523 pour hérésie.
Dans un camp comme dans l’autre, les erreurs du passé, les tensions, ruptures et violences qui ont jalonné l’histoire de ces deux Eglises les ont évidemment éloignée du message d’amour et de grâce du Dieu libérateur. Chacun aujourd’hui en est bien conscient. En mettant ainsi sa cathédrale à sa disposition, Steven Fuite, président de l’Eglise protestante unie de Belgique estime que l’Eglise catholique envoie un signal œcuménique fort.
Repères historiques
Si la réalité de l’affichage des 95 thèses est aujourd’hui contesté par certains historiens, la publication et la diffusion de ce document marque bel et bien le début de la Réforme protestante.
Comment Luther en est-il arrivé à cette publication? Né en 1483 à Eisleben, il étudiera le droit à Erfurt. En 1505, un événement va bouleverser sa vie. Pris dans un orage violent, la peur d’une mort imminente le pousse à faire un vœu à sainte Anne: s’il en réchappe, il deviendra moine. C’est que, comme tout chrétien de son temps, la mort sans confession de ses péchés signifie presque immanquablement la damnation éternelle.
Entré peu après chez les Augustins, il est ordonné prêtre en 1507 et devient docteur en théologie en 1512. Il sera ensuite professeur dans la ville de Wittemberg, où il enseignera la Bible. Très soucieux de son salut (voir page 8), il s’astreint à des pénitences très dures pour expier ses fautes. En 1510, un autre événement va marquer son parcours: il fait un voyage à Rome, dont il reviendra scandalisé. Alors qu’il pensait y découvrir la « cité de Dieu », il est confronté à une société séculière, à la puissance de familles richissimes, à la corruption, qui n’épargne pas le pape et son entourage. Le pape, plutôt qu’un guide dans la foi, lui apparaît comme un chef de guerre, soucieux de conforter son pouvoir.
La révolte de Luther
En 1517, la prédication du dominicain Johann Tetzel va également le choquer profondément. Ce dernier s’est en effet mis à vendre des indulgences: chaque pièce donnée à l’Eglise obtient la libération d’une âme, qui s’envole alors du purgatoire pour monter au paradis…
A partir de ce moment, Luther n’a de cesse de lutter contre les abus dans l’Eglise. Mais la controverse théologique qui s’enclenche alors va également porter sur des points dogmatiques plus fondamentaux: la primauté de la Bible sur l’Eglise, le salut qui est reçu dans la foi, sans la médiation de l’Eglise, etc. L’histoire se souvient, en particulier, de sa dispute publique avec Cajetan, cardinal et célèbre théologien de l’époque, envoyé par Rome en 1518 pour contrer l’influence grandissante de Luther. Celui-ci refusera de se rétracter.
Désormais, c’est l’escalade. Après la condamnation de ses écrits par les universités de Louvain et de Cologne, Luther sera excommunié en 1521 par le pape Léon X, et mis au ban de l’empire la même année. Frédéric le sage, duc de Saxe, le placera alors sous sa protection au château de Wartburg. C’est là que Luther traduira la Bible en allemand.
Une Europe divisée
Les adeptes de Luther vont alors former une Eglise « parallèle », avec de nombreuses implications culturelles et poltiques: si le Sud de l’Europe demeure très majoritairement catholique, le Nord du « Vieux continent » rejoint le mouvement luthérien. En Allemagne, l’adhésion des princes à la Réforme leur permit de se dégager de la tutelle du pape et de l’empereur. De nombreuses violences, de part et d’autre, seront commises. La « paix d’Augsbourg », en 1555, permettra la mise en œuvre d’un compromis entre Etats catholiques et Etats protestants selon le principe suivant: « cujus regio, ejus religio »: « tel prince, telle religion ».
La suite de l’histoire est complexe. Très vite, Luther sera contesté dans son propre camp, par des personnalités voulant pousser la Réforme plus loin, tel Ulrich Zwingli en Suisse. D’autres mouvements naîtront dans la foulée, par une série de séparations sucessives. C’est ainsi qu’apparaîtront le calvinisme, l’anglicanisme, et plus tard le méthodisme, l’anabaptisme, qui suscita lui-même le pentecôtisme et le courant évangélique contemporain.
C.H/P.G.
La célébration aura lieu le 28 octobre à 16h. Il s’agira d’un culte solennel trilingue d’actions de grâce: « Libérés pour… » La prédication sera apportée par le Pasteur Steven Fuite. Le cardinal Jozef De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles, participera activement à cette cérémonie, avec d’autres chefs religieux et responsables de la laïcité.
La Chorale Soli Deo Gloria et Didier Likeng soutiendront les chants de l’assemblée. L’offrande recueillie ce jour sera destinée à soutenir les projets de « Solidarité Protestante » (www.solidariteprotestante.be ) et du Gustav-Adolf Werk. (www.gustav-adolf-werk.de)