Le dernier film d’Olivier Ayache-Vidal ne cède pas à la facilité, mais il apporte de l’émotion et oblige à penser. Bien plus qu’une comédie, il offre un autre regard sur les enseignants et les jeunes.
ll s’agit de l’histoire de François Foucault (Denis Podalydès), la cinquantaine, professeur de lettres à Paris. Il enseigne au lycée Henri IV, l’une des écoles les plus sélectives et prestigieuses du pays. Puis il est muté dans un collège en banlieue qui fait partie du réseau d’éducation prioritaire. Face à cette étape de sa carrière, François craint le pire.
Les grands esprits, sans faire de l’esprit ou des jeux de mots, c’est un film d’école, entendons, qui, comme Entre les murs, a pour cadre une école, une classe, un enseignant et ses élèves. Si le film est catalogué « comédie », nous y voyons essentiellement une comédie dramatique où le drame n’est jamais loin de prendre le dessus. C’est que le réalisateur a ancré son film dans la réalité d’un établissement scolaire. Il y a passé deux ans, avec des classes de 3e, 4e et 5e. De ces jeunes qu’il observait, il a pu « créer » une classe de 4e avec diverses personnalités, des plus introverties aux plus extraverties. Il a pu voir, sur le terrain, l’état de l’enseignement, moins désastreux que certains se plaisent à décrire, mais terriblement dramatique cependant. Ces jeunes, dont les deux acteurs principaux, apportent fraîcheur et vérité au film. Le réalisateur a pu « apprivoiser » (à la façon du Petit Prince) ces adolescents pour qu’ils puissent donner le meilleur d’eux-mêmes dans une classe reconstituée durant les vacances, dans le collège même. Il y a certes un travail préalable de composition, mais le spectateur ressent le « naturel » de ces scènes et de ceux/celles qui les construisent et les habitent. Nous n’oserions parler ni de jeu de rôle ni de catharsis, mais il ressort quelque chose de la vérité des banlieues dans ce film. Le fait que les rôles des enseignants soient tenus par des novices aide à la vérité du récit qui est donné à voir. Mais aussi à certaines situations stressantes, les conseils de discipline, par exemple.
Il faut aussi souligner toute l’importance de l’acteur principal! Denis Podalydès apporte quelque chose de magistral au film sans qui il ne serait pas ce qu’il est. Son passage du lycée huppé parisien à la banlieue est extraordinaire. L’humour est présent, mais après le rire vient la tendresse pour les protagonistes. Ensuite, la réflexion: savoir que tout n’est pas perdu, que la fatalité n’est pas loin. Enfin, que le travail d’enseignant est loin d’être facile et que ce métier-là est une véritable vocation et que les professeurs ont largement besoin de notre soutien.
Charles DE CLERCQ- RCF
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