Après un rebond en 2016, l’aide publique au développement a de nouveau baissé en 2017. Le CNCD-11.11.11 s’en inquiète et pointe de nouveau le fait que la Belgique est, de loin, la première destinataire de sa propre aide.
Le rapport 2017 du CNCD-11.11.11, présenté ce matin, pointe le fait que l’augmentation de 0,42% à 0,49% du RNB enregistrée entre 2015 et 2016 a été purement conjoncturelle, puisque principalement due à la comptabilisation d’importants budgets visant soit à lutter contre les migrations, soit à accueillir les demandeurs d’asile en Belgique. Ainsi, Fedasil a bénéficié en 2016 d’une allocation supérieure au montant alloué à l’ensemble de la coopération gouvernementale (332 millions EUR). « La Belgique est donc, de loin, la première destinataire de sa propre aide« , se désole l’ONG. Cette dernière estime que « s’il est indispensable de financer correctement l’accueil des demandeurs d’asile en Belgique, il est regrettable d’utiliser pour ce faire des budgets destinés à soutenir des programmes de développement dans les pays les moins avancés et à réduire les inégalités mondiales, à l’origine des migrations« .
Le document souligne que le budget de la Coopération technique belge (CTB) et des programmes non-gouvernementaux ont en effet subi des coupes importantes en 2017, tandis que le nombre de demandeurs d’asile a enregistré une forte baisse. Selon Arnaud Zacharie, secrétaire général du CNCD-11.11.11, « le rebond observé en 2016 dans les chiffres de l’aide belge au développement ne doit pas tromper les observateurs ; la tendance lourde à la baisse de notre contribution à la solidarité internationale se confirme en 2017« . Et du coup, l’aide belge au développement s’éloigne de plus en plus de l’objectif international des 0,7% du revenu national Brut (RNB).
Le blending n’est pas la panacée
Le rapport revient aussi sur les initiatives lancées par le ministre de la Coopération, Alexander De Croo, au cours de l’année écoulée, en particulier l’utilisation de l’aide pour mobiliser le secteur privé via la pratique du « blending ». Pour le CNCD-11.11.11, cette pratique a permis d’attirer des fonds supplémentaires dans les pays en développement, mais seuls 5% ont bénéficié aux pays les plus pauvres, alors que la Coopération belge se concentre dans ces pays. De plus, « le blending ne s’oriente pas suffisamment jusqu’ici vers les PME locales« , regrette l’ONG, et sa contribution à l’atteinte des Objectifs de développement durable est difficile à mesurer. « Le blending n’est pas la panacée« , avertit le CNCD qui conseille de l’accompagner de balises garantissant le respect des principes de l’efficacité de l’aide, des normes sociales et environnementales ainsi que des droits humains.
« L’aide au développement est un placement »
En conclusion, le CNCD-11.11.11 rappelle à la Belgique que consacrer 0,7% de ses revenus à l’aide au développement est loin d’être un objectif budgétaire inatteignable. « Au contraire, plaide-t-il, l’aide au développement est un placement préventif qui rapporte : chaque euro qui y est investi diminue fortement les sommes à consacrer à la lutte contre les crises qui découlent du mal-développement« .