USA: les évêques américains condamnent fermement les violences à Charlottesville


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USA: les évêques américains condamnent fermement les violences à Charlottesville
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
4 min

Dans une déclaration publiée dimanche 13 août, les évêques américains ont réagi en condamnant vivement les affrontements entre néo-nazis et antifascistes, ayant fait un mort et dix-neuf blessés dans la ville de Charlottesville dans l’Etat de Virginie.

Samedi 12 août a été une journée de violences meurtrières aux Etats-Unis. Des mouvements suprémacistes blancs, néo-nazis et de l'extrême-droite s'étaient donné rendez-vous dans la ville de Charlottesville. Un rassemblement autorisé au nom de la liberté d'expression chère aux Américains. Pour contrer les slogans racistes, des milliers de manifestants anti-fascistes et pacifistes tenaient à faire entendre leurs voix., De nombreux affrontements ont eu lieu entre les deux camps et finalement la situation a dégénéré. Une jeune femme de 32 ans a perdu la vie lorsqu'une voiture a foncé dans la foule des militants anti-racistes, faisant en outre dix-neuf blessés.

Face à ce drame, l'Eglise catholique a vivement condamné ces affrontements. Le Cardinal Daniel N. DiNardo (photo), de Galveston-Houston, président de la Conférence des évêques catholiques américains, a fait part de ses prières pour les victimes et en particulier pour la jeune femme de 32 ans tuée dans ces violences. Il a dénoncé "les actes de haine qui ont lieu à Charlottesville". Et d'ajouter: "C'est une attaque contre l'unité de notre nation". Le prélat a lancé un appel au calme et à "l’action pacifique pour mettre fin à ces violences raciales et construire la paix dans les communautés".

De son côté, Mgr Francis X. DiLorenzo, évêque de Richmond, métropole à une centaine de kilomètres de Charlottesville dans le sud-est des Etats-Unis, a lui aussi réagi, rappelant les paroles de Saint François: "Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. Là où est la haine, que je mette l’amour. Là où est l’offense, que je mette le pardon". Mgr DiLorenzo a fait part de ses prières pour que les "hommes et femmes des deux camps puissent parler et trouver des solutions à leurs divergences respectives".

Donald Trump crée une nouvelle polémique

Aux côtés de cette condamnation ferme de l'Eglise catholique d'Outre-Atlantique, d'autres réactions se sont manifestées. A commencer par celle du président Donald Trump… qui n'a pas manqué de créer une nouvelle polémique.

Le locataire de la Maison-Blanche a en quelque sorte renvoyé les deux camps dos-à-dos, sans jamais condamné l'extrémisme des groupes fascistes et néo-nazis. "Nous condamnons dans les termes les plus forts ces démonstrations flagrantes de haine, de sectarisme et de violence venant de diverses parties", s'est borné à déclarer lors d’une conférence de presse, tout en refusant de répondre aux questions des journalistes lui demandant s’il dénonçait l’idéologie nationaliste et si l’épisode représentait un attentat. Sur son compte Twitter, Donald Trump a présenté ses condoléances aux familles des victimes et ses "meilleures salutations" aux blessés. Et même si le ministre de la Justice, Jeff Sessions, a été plus direct: "Quand de telles actions sont provoquées par l’intolérance raciale et la haine, elles trahissent nos valeurs fondamentales et ne peuvent être tolérées", ajoutant que les violences "atteignent le cœur du droit et de la justice américaine", il n'en fallait pas plus pour déclencher une vague de réactions,.

A commencer par celle de l'ancien président Barack Obama, qui a cité Nelson Mandela: "Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de ses origines, ou de sa religion". Donald Trump est aussi ouvertement critiqué par différents responsables politiques, démocrates comme républicains, pour ne pas avoir incriminé l’extrême droite après les violences à Charlottesville. Le maire de démocrate de Charlottesville, Michael Signer a mis en cause la rhétorique utilisée par Donald Trump depuis qu’il s’est lancé dans la course à la Maison Blanche. Elle a créé un climat de "vulgarité, de cynisme et d’intimidation", a-t-il estimé. "Il a fait le choix durant sa campagne présidentielle (...) de jouer sur nos pires préjugés", a déclaré le maire de CHarlottesville sur la chaîne CBS, précisant: "Je pense que ce que ce qui s’est passé ce week-end a un lien direct avec ces choix". De son côté, le gouverneur démocrate de l’Etat de Virginie Terry McAuliffe, n'a pas tergiversé pour condamner les suprémacistes blancs et ceux qui prônent des idéologies d'extrême-droite: "Nous sommes plus forts que vous", a-t-il précisé lors d’une allocution télévisée. La candidate malheureuse à l'élection présidentielle, Hillary Clinton a critiqué l’action du président américain sur son compte Twitter, sans jamais le nommer: "Chaque minute pendant laquelle nous permettons que cela se poursuive par un encouragement tacite ou par inaction est une honte et un danger pour nos valeurs".

Enfin, dans le propre camp républicain du président, des voix se sont élevées. Certains élus ont demandé à Donald Trump "d’appeler le mal par son nom". Pour tenter de calmer le jeu, la Maison Blanche a finalement fait savoir dans un communiqué, que le président condamnait " toutes les formes de violence, d’intolérance et de haine. Cela inclut, bien sûr, les suprémacistes blancs, le KKK, les néo-nazis et tous les groupes extrémistes".

Il n'empêche, le mal est fait. Cela prouve si besoin en est qu'en voulant attirer les électeurs extrémistes, on finit par ne plus pouvoir réagir avec force contre l'ignominie de certains de leurs actes et propos.

J.J.D. (avec Radio Vatican et agences)

© Photo en page principale: Belgaimage


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