Le bateau anti-migrants en rade en Méditerranée


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Le bateau anti-migrants en rade en Méditerranée
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
2 min

Affrété par des militants d'extrême-droite pour dénoncer les opérations de secours et refouler les embarcations des migrants venues d'Afrique, le C-Star est bloqué au large de la Tunisie.

Dans la foulée des pêcheurs tunisiens de Zarzis qui s'étaient mobilisés dimanche pour empêcher le bateau d'accoster dans leur port, le syndicat tunisien UGTT (qui fut Prix Nobel de la paix en 2015 avec trois autres organisations tunisiennes, après la révolution de jasmin de 2011) a officiellement demandé à tous les agents et employés des ports tunisiens de ne pas laisser "bateau du racisme C-Star souiller les ports de Tunisie".
Lundi, le navire affrété par Génération identitaire (un groupe d'extrême-droite français) était donc bloqué à la lisière des eaux tunisiennes, au sud-est de Sfax, le deuxième port tunisien, et se voyait priver de toutes possibilités de ravitaillement.
Depuis qu'il a entamé son périple avec à son bord des activistes allemands, français et italiens, le C-Star a été arrêté à de nombreuses reprises. Notamment dans le canal de Suez pour des problèmes administratifs et des "raisons de sécurité". Puis au large de Famagouste. Outre le capitaine de navire et son second, d’autres membres de l’équipage ont été arrêtés dans le port de cette partie turcophone de Chypre, ainsi que le propriétaire du navire, un homme d’affaires suédois plusieurs fois condamné pour fraude. Ils étaient accusés de "faux et usage de faux" ainsi que de "trafic d'êtres humains". Le C-Star avait en effet à son bord vingt tamouls, qui avaient payé pour être sur le bateau, dont cinq ont avoué être des demandeurs d'asile.

Intimidation

Depuis qu'il croise en Méditerranée, le navire, qui affiche deux immenses banderoles ("Stop au trafic d'êtres humains" et "Vous ne ferez pas de l'Europe votre foyer"), se fait également remarquer pour ses manœuvres d'intimidation envers les bateaux affrétés par les ONG pour participer aux organisations de secours en mer. L'Aquarius, le bateau de SOS Méditerranée et de Médecins sans frontière, mais aussi le Golfo azzuro de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms, ont pu témoigner des appels du C-Star pour que les secouristes quittent la zone, jugeant que leur présence constituait un "appel d'air" voire qu'ils étaient complices avec les passeurs.
Les activistes entendent aussi faire en sorte que les migrants secourus au large de la Libye soient reconduits en Afrique. Or, pour les gardes-côtes italiens, qui coordonnent les secours dans cette zone, la Libye n'offre pas la sécurité requis par le droit maritime. C'est pourquoi ils sont conduits en Italie, où les autorités ont recensé plus de 96.000 arrivées cette année. Un tiers des ces migrants secourus l'ont été par les ONG.

P.G. (avec agences)


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