Le Supérieur général de la Compagnie de Jésus, Père Arturo Sosa Abascal, a appuyé la position de l’Eglise vénézuélienne contre l’Assemblée constituante voulue par le président Nicolás Maduro. Dans un contexte politique tendu, il a également estimé que les évêques avaient pris des positions communes très courageuses.
Les opposants au président Nicolás Maduro et les forces de l'ordre se sont une nouvelle fois affrontés dimanche à Caracas et dans d'autres villes du pays, à coups de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes contre des jets de pierre et des cocktails Molotov. Des affrontements parfois meurtriers, qui ont fait dix morts et plusieurs dizaines de blessés.
La veille, le Père Arturo Sosa Abascal, de nationalité vénézuélienne, avait publiquement appuyé la position de l’épiscopat et les autres religieux du pays qui ont dénoncé les souffrances et la pénurie de produits de première nécessité. Il a lancé un appel au dialogue.
"La priorité est la souffrance de la population"
"J’aimerais m’unir aux voix, aux intentions et aux positions prises par les évêques vénézuéliens, qui sont très unis, que ce soit dans le cadre de la Conférence épiscopale, des jésuites ou des autres religieux et religieuses du pays", a affirmé le Père Arturo Sosa Abascal.
"Ce sont des positions communes très courageuses en cette période", a insisté le religieux qui s’est exprimé sur les ondes de Radio Vatican. Il a souligné que la priorité était la souffrance de la population. Le jésuite a précisé qu’il était d’accord avec les évêques des pays latino-américains qui ont réitéré leur opposition à l’Assemblée constituante impulsée par le président Nicolás Maduro qui représente, comme l’estiment les évêques, l’installation d’un régime marxiste.
"En ce moment, la population souffre car elle manque des conditions minimum pour vivre normalement, dans la mesure où il n’y a ni alimentation, ni médicaments, ni sécurité", a insisté le Supérieur général de la Compagnie de Jésus.
"Il est important de partager la douleur des personnes comme une manière de faire de la politique un instrument réel pour résoudre les problèmes et assurer les services essentiels à la population. Cela ne doit pas se transformer en une lutte pour le pouvoir ou pour des privilèges que le pouvoir en place peut attribuer à tel ou tel groupe", a t il ajouté.
De l’importance du dialogue
"Cependant, il est nécessaire de maintenir un dialogue authentique. Un dialogue qui reconnaît, pour la première fois, la souffrance des personnes et les différentes positions exprimées face à cette crise. Il est important que nous puissions obtenir, à travers une négociation honnête et sincère, un programme d’unité nationale qui permette de donner la priorité à la résolution des problèmes, sources de souffrances pour des millions de Vénézuéliens", a estimé le Père Arturo Sosa Abascal.
Le Supérieur général de la Compagnie de Jésus a enfin lancé un appel aux politiques du pays pour "qu’ils se comportent en personnes capables de dialoguer et aboutir à des accords pour le bien de tous".
Jean-Claude Gerez (Cath.ch)