François soutient les évêques du Venezuela


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François soutient les évêques du Venezuela
Par Christophe Herinckx
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
4 min

Le pape François est pleinement en accord avec les positions de la Conférence épiscopale du Venezuela (CEV). C'est ce qu'a affirmé le président de cette institution, Mgr Diego Padrón Sanchez à l’agence SIR, dans un entretien paru ce 9 juin 2017. L'archevêque avait été reçu la veille par le pontife avec les autres évêques responsables de la CEV.

"Il n'y a pas de distance" entre la position du pape et celles des évêques du Venezuela, a affirmé Mgr Padrón lors d'un entretien accordé à l'agence SIR. François a ainsi assuré aux évêques vénézuéliens tout son soutien et sa pleine confiance. Lors de l’audience, les prélats ont pour leur part réaffirmé leur pleine obéissance "cum Petro et sub Petro" (avec Pierre et sous Pierre, le pape, ndlr).

Mgr Padrón a également tenu à réfuter les insinuation du gouvernement vénézuélien, selon lesquelles le pape le soutiendrait... A plusieurs reprises, l’exécutif vénézuélien a en effet laissé entendre que le pape François prenait son parti, contre pas la position des évêques.

Gouvernement dictatorial

A l’inverse, le pape est "dans une posture évangélique, près de ceux qui souffrent, des pauvres et de ceux qui sont dans le besoin". Il est "aux côtés de la souffrance de tout le peuple", de même que la Conférence épiscopale qui "n’a aucune partialité" et "ne fait pas de différence" entre les catégories de la population.

"Le gouvernement", ont accusé les évêques devant le pontife, "est devenu dictatorial, autoréférentiel, sert ses propres intérêts". Au cours des deux derniers mois, 66 manifestants sont morts dans des affrontements avec les forces de l’ordre. Les prélats en ont remis la liste au pape François qui a assuré sa grande proximité aux familles des victimes. "Le gouvernement a comme but de se maintenir au pouvoir à tout prix", a indiqué Mgr Padrón. Et pour cela, il n’hésite pas à faire souffrir son propre peuple et à le priver de soins médicaux afin de le maintenir soumis.

Néanmoins, le pape François a invité les évêques à reprendre leur médiation entre le gouvernement et l’opposition, en prenant comme "magna carta" la lettre du cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat, du 1er décembre 2016. Dans celle-ci, le cardinal Parolin posait quatre prérequis au dialogue: ouverture d'un canal humanitaire, respect de l’Assemblée nationale, libération des prisonniers politiques et processus électoral. "Mais dialoguer veut dire écouter et respecter le peuple", a tenu à ajouter Mgr Padrón.

C’est pourquoi la CEV a proposé la tenue d’un référendum consultatif sur la volonté du gouvernement de convoquer une assemblée constituante. Sans quoi "l’assemblée ne sera pas populaire, mais déterminée par le gouvernement". Le risque, ont expliqué les évêques au Souverain pontife, serait "la constitutionnalisation d’une dictature militaire, socialiste-marxiste et communiste".

L'aide de Caritas

La CEV, a précisé son président, n’a pas vocation à entrer dans une discussion de type juridique concernant l’élaboration d’une constitution, car elle s’intéresse à la problématique sociale. Le gouvernement vénézuélien avait fortement reproché aux prélats de ne pas avoir répondu à son invitation à participer aux travaux pour l’élaboration de ce texte. Les évêques avaient été alors accusés de ne pas obéir au pape qui leur avait demandé, dans un courrier daté du 5 mai, de faire tout le nécessaire pour aider sortir de la crise.

Toutefois, ce n’est pas d’une nouvelle constitution dont le pays a besoin, a lancé le président de la CEV, mais "de nourriture, soins, sécurité, respect et droit de manifester librement". Pour venir en aide au peuple vénézuélien, le pontife a demandé aux prélats de renforcer encore le travail de la Caritas.

Si celle-ci aide déjà des milliers de personnes, Mgr Padrón a confié les difficultés bureaucratiques imposées par le gouvernement, empêchant une pleine efficacité de l’aide. Selon l’Avvenire, le quotidien des évêques italiens, le pape pourrait lancer une collecte internationale en faveur de ce pays.

Depuis son élection en 2013, le pape François s’est impliqué personnellement à plusieurs reprises dans la situation politique du Venezuela, afin d’appeler les différentes parties au calme. Cette implication directe s’est renforcée avec la crise que traverse actuellement le pays. La situation au Venezuela est également suivie de près au Saint-Siège par le cardinal Parolin. De 2009 à sa nomination comme secrétaire d’Etat en 2013, celui-ci était nonce apostolique à Caracas.

C.H., avec cath.ch/imedia/xln/bh)

Photo: Mgr Diego Padrón Sanchez


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