Cette année marque le 700e anniversaire de l’universalisation de la Fête-Dieu (1317). D’où, les efforts engendrés pour proposer un vaste programme qui démarre ce 15 juin. Pendant quatre jours, les Liégeois sont invités à participer à différentes célébrations et activités autour du Saint-Sacrement.
C’est en 2012, qu’Eric de Beukelaer et Jean-Pierre Pire, respectivement doyens de la rive gauche et de la rive droite, décident de renforcer la collaboration entre les différents doyennés de Liège. Ils établissent une liste de fêtes liturgiques – dont la Fête-Dieu – à célébrer de manière commune. « La Fête-Dieu s’est imposée d’elle-même, confie Eric de Beukelaer, parce que nous souhaitions rejoindre la religion populaire pour lutter contre une forme d’intellectualisation du culte. » Cette fête est célébrée depuis toujours à Liège mais Eric de Beukelaer émet l’idée de « restaurer » la procession consécutive à la messe « pour s’inscrire dans une démarche plus concrète« . « La procession n’est pas pensée comme une démonstration de force mais bien comme une invitation à faire découvrir la beauté de la foi chrétienne« , précise l’abbé Pire. D’ailleurs, tout le long du parcours, des processionnaires distribuent des petits papillons explicatifs et prennent le temps de répondre aux questions des passants, interpellés par ce cortège inhabituel. De l’aveu même du doyen Pire, « il est plus difficile de mobiliser les fidèles pour la Fête-Dieu que pour le chemin de croix ou le 15 août« . Il admet que cette fête est plus cultuelle que culturelle contrairement à ce qui se vit en Allemagne ou en Suisse. Le manque d’attrait de la Fête-Dieu, par rapport à d’autres fêtes chrétiennes, s’explique en partie par le fait qu’elle ne compte pas parmi les jours fériés; elle se situe aussi dans une période peu propice (fin d’année scolaire).
Pourtant, le retour de célébrations plus fastes a entraîné la création du Mouvement Eucharistique Liégeois qui a pris l’initiative, cette année, d’interroger les participants à la messe du jeudi soir. Pour cette enquête (dont le résultat sera connu en novembre), ils sont invités à répondre par écrit à la question: « C’est quoi l’eucharistie? » En effet, comme nous l’explique l’abbé Pire, « pour beaucoup de croyants, l’eucharistie reste un mystère; il est difficile de se situer personnellement par rapport à cet événement hors du commun: la présence du Seigneur dans un modeste et misérable morceau de pain« . Il ajoute que « en dehors de tout contexte, la Fête-Dieu n’a aucun sens puisque chaque eucharistie, et particulièrement celle du dimanche, est une fête Dieu« .
Réapprendre l’adoration
Pendant les quatre jours de festivités, une grande place est accordée à l’adoration. Mais l’adoration attire-t-elle encore les croyants dans un monde inondé par le bruit, dans une époque de l’immédiateté? Pour le doyen de Liège, « c’est justement le contexte actuel qui rend tout son attrait à l’adoration« . Le corps du Christ est une personne avec qui tout croyant peut entrer en relation. « Si elle est bien comprise, l’adoration peut devenir un véritable cœur à cœur avec Dieu« , poursuit l’abbé Pire. Sainte Julienne voulait rendre toute sa dignité et éloigner toute pratique magique – courante à son époque – autour de l’hostie. L’adoration est ainsi une mise à distance pour mieux se rencontrer, mieux dialoguer. « Je le contemple et je ne mets pas ma main sur Lui. Je quitte la posture de l’emprise pour aimer véritablement le corps du Christ« , conclut le doyen.
Sophie DELHALLE
Photo © Jacques Galloy
Programme complet sur le site du diocèse de Liège www.liegefetedieu.be